L'année 2009 sera «cataclysmique» pour l'économie mondiale et la tendance devrait se poursuivre jusqu'à la fin 2010, selon les prévisions de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) publiées hier. La France ne sera pas épargnée : le PIB devrait se contracter de 2,4% en 2009 et de 0,3% en 2010, année qui devrait voir le taux de chômage atteindre 10,5% de la population active.«On va vivre une année 2009 cataclysmique en termes d'évolution du chômage», explique Xavier Timbeau, directeur du département analyses et prévisions à l'OFCE, joint au téléphone par Associated Press. En France, le taux de chômage devrait s'élever à 9,7% de la population active fin 2009 et devrait continuer d'augmenter au cours des douze mois suivants, pour atteindre 10,5% fin 2010. «C'est énorme, ce sont 800 000 chômeurs de plus entre la fin 2008 et la fin 2010», souligne Xavier Timbeau. «Depuis les années 1930, on n'a jamais vu ça. On est dans des ordres de grandeur deux à trois fois plus importants que lors des crises précédentes». Avec des taux de croissance respectifs de -2,4% et -0,3%, 2009 et 2010 seront donc de nouvelles années de destruction de l'emploi, selon les prévisions de l'OFCE. Car, rappelle M. Timbeau, «tant qu'on n'a pas une croissance entre 1,5% et 2%, le chômage augmente en France». Hier, le ministre du Budget, Eric Woerth, a estimé que «la croissance sera négative en 2009» et que «le chômage va continuer à augmenter», en attendant un début de reprise pour 2010. Vendredi dernier, le Premier ministre François Fillon avait évoqué «une reprise assez molle en 2010». Au-delà de la France, la montée du chômage dans les pays industrialisés alimentera le cycle de récession au moins jusqu'à la fin 2010. Initialement conséquence de la crise, le chômage en devient aujourd'hui un moteur, selon l'OFCE. «En 2008, il y a eu quatre millions de chômeurs supplémentaires aux Etats-Unis, et trois millions supplémentaires en Europe. Sur le début 2009, les rythmes sont deux fois plus élevés. Si ces tendances se prolongent, on aura à fin 2009 des taux de chômage entre 10 et 15% de la population pour les Etats-Unis et l'Union européenne», précise-t-il. «Il va y avoir un rebond de l'économie mondiale en 2010 simplement parce que l'année 2009 aura été mauvaise et que 2010 ne peut pas être pire, il s'agira donc d'un rebond relatif», souligne Xavier Timbeau, qui prévoit une contraction de la croissance des pays développés de 3% en 2009, et une croissance nulle à 0% en 2010. Face à cette situation, les plans de relance adoptés par la plupart des pays industrialisés sont jugés «insuffisants», même s'ils participent à la lutte contre la crise. En 2009, la récession entraînera un déficit de production de six points à l'échelle mondiale. Or, les plans de relance équivalent à deux points de PIB aux Etats-Unis, et à 0,8 point en moyenne en Europe. «Ce n'est pas dérisoire, mais ce n'est pas suffisant», estime Xavier Timbeau. «En France, avec un plan de relance de 26 milliards d'euros, il en manque. Il faudrait le doubler, voire le tripler.» A. P.