Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a affirmé jeudi dernier que le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a accepté le principe de l'invitation que lui a adressée le président français, M. Nicolas Sarkozy, pour effectuer une visite d'Etat en France. «Chacun de nous sait que le président Sarkozy transmis une invitation pour une visite d'Etat au président de la République, qui en a, bien entendu, accepté le principe», a déclaré le ministre en marge de l'audience qu'il a accordée au président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, M. Axel Poniatowski. Cette confirmation est venue 24 heures à peine après les déclarations de l'ambassadeur de France à Alger, M. Xavier Driencourt, qui avait affirmé qu'une invitation à se rendre à Paris transmise au président algérien Abdelaziz Bouteflika en juin 2008 n'avait pas été confirmée. M. Medelci vient ainsi mettre fin au suspense qui avait, rappelons-le, entouré cette visite après la dernière agression israélienne contre la bande de Ghaza. Une agression qui a sérieusement compromis les chances de l'édification de l'UPM. En effet, si les conflits régionaux perdurent, les participants à l'UPM se retrouveront face aux mêmes causes qui ont entraîné l'échec du processus de Barcelone. Mais entre l'Algérie et la France, le massacre de Ghaza n'a pas été la seule cause qui a engourdi les relations entre les deux pays. L'affaire du diplomate Hasseni a, également, jeté un froid sur ces relations. Un froid qui s'est traduit, selon l'hebdomadaire français le Point, par un report de la visite prévue au cours du premier trimestre de l'année en cours. Le traitement de cette affaire, qui avait traîné en longueur, a d'ailleurs poussé le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à qualifier la mise sous contrôle judiciaire de Hasseni d'«acte regrettable et incohérent», en précisant que, si l'Algérie a préféré «faire prévaloir la sagesse, c'est pour éviter une tension dans les relations entre les deux pays, ce qui n'aurait été ni dans notre intérêt ni dans l'intérêt de la France». De son côté, le ministre des Affaires étrangères avait réagi à la levée du contrôle judiciaire en déclarant que «finalement et très tardivement, la justice française a compris qu'elle faisait fausse route». Pour M. Poniatowski, ni le massacre de Ghaza ni l'inculpation d'un diplomate algérien en France «n'ont refroidi les relations d'Etat à Etat». Le président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française estime qu'il faut «faire attention à ce que l'Union pour la Méditerranée ne soit pas trop dépendante du côté proche-oriental plutôt que de ce côté-ci de la Méditerranée», en raison, explique-t-il, de la situation «éminemment problématique» au Proche-Orient. Axel Poniatowski qui a qualifié les relations franco-algériennes en disant que c'est une situation de «ni ingérence, ni indifférence», estime toutefois, que les échanges commerciaux, bien que «satisfaisants», restent «insuffisants», et qu'ils «devraient être développés en recherchant l'intérêt des deux pays». C'est apparemment dans cette optique de recherche des intérêts des deux pays que s'inscrit l'acceptation du principe de se rendre en France pour le président Abdelaziz Bouteflika. «Nous sommes en train de travailler, de part et d'autre, sur les questions qui pourraient être évoquées à l'occasion de cette visite», a précisé M. Medelci jeudi dernier relevant à cet égard, que les relations avec le partenaire français sont «importantes», et que «toutes les questions ont un point spécifique qui leur est propre, compte tenu de l'envergure de la relation algéro-française». Le chef de la diplomatie a ajouté que ces questions sont notamment liées à la communauté algérienne établie en France ou à la circulation des personnes et relatives aux investissements français en Algérie, qu'il a souhaité les voir «plus diversifiés». M. Medelci a souligné l'importance de la mise en œuvre des accords de coopération signés entre l'Algérie et la France d'une manière «diligente», citant l'exemple des accords dans le domaine du nucléaire et du travail entrepris par les deux parties autour du sujet des essais nucléaires français. «Les rapports entres les deux pays doivent intégrer une gestion sincère, ouverte, engagée et confiante des questions relatives à la mémoire», a-t-il conclu. Pour sa part, M. Poniatowski avait exprimé, à l'issue de cette audience, son souhait d'intensifier la diplomatie parlementaire entre les deux pays par la création incessamment d'une grande commission parlementaire algéro-française. «La France a deux grandes commissions parlementaires l'une avec la Russie et l'autre avec le Canada, l'idée aujourd'hui est de créer la troisième avec le parlement algérien d'ici à quelques semaines», avait-il déclaré, soulignant que «c'est très important que nous puissions multiplier et accentuer les relations entre la France et l'Algérie dans ce domaine». Le principe de la création de cette «Grande commission parlementaire algéro-française» a été retenu. Le but de cette «Grande commission» est de développer une «diplomatie parlementaire active» entre les deux pays qui sera couronnée par une relation économique privilégiée à ne pas en couter surtout en cette période d'aisance financière de l'Algérie qui a décidé d'un plan de développement de 150 milliards de dollars pour les cinq ans à venir. C'est du moins, le but visé par la France qui estime avoir une avance par rapport aux autres pays en raison du passé historique commun entre l'Algérie et la France. H. Y.