Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
La crise économique risque de provoquer une crise humanitaire dans les pays pauvres La Banque mondiale et le FMI élaborent un plan d'action pour protéger les plus démunis
Les pays vulnérables risquent gros, selon les dirigeants des institutions de Bretton Woods. Ces derniers ont estimé, lors d'une conférence de presse qu'ils ont animée à l'issue de la réunion du comité de développement de la Banque mondiale, qu'il existe un risque réel d'une «catastrophe humanitaire» dans les pays en développement si rien n'est entrepris à travers le monde pour faire face aux conséquences humanitaires de la crise financière et économique mondiale. Selon le président de la BM, plusieurs pays pauvres voient les Objectifs du millénaire de développement (OMD) compromis, notamment ceux liés à la faim et à la malnutrition, la mortalité infantile et maternelle, l'éducation, la lutte contre le sida, la malaria et d'autres maladies. En d'autres termes, M. Zoellik explique que 55 à 90 millions de personnes supplémentaires s'ajouteront en 2009 à celles déjà touchées par l'extrême pauvreté tandis que le nombre de personnes souffrant de la faim chronique pourrait augmenter à plus d'un milliard d'individus sur l'année en cours. Le patron de la BM avoue aussi que l'autre motif de cette crainte est que «personne ne sait combien va durer cette crise» financière et économique internationale. Pour sa part, M. Strauss-Kahn, patron du FMI, ne cache pas que la crise financière et économique est effectivement plus perceptible par ses conséquences humaines. «Les progrès réalisés au prix de durs efforts en direction des OMD sont maintenant compromis. La crise a déjà fait basculer dans une extrême pauvreté plus de 50 millions de personnes, surtout des femmes et des enfants», a noté le numéro un du FMI. Outre ce constat alarmant, les deux dirigeants ont tenté tant bien que mal d'expliquer les nouvelles orientations des institutions de Bretton Woods en vue de contrer cette crise. Pour M. Strauss-Kahn, le FMI doit être réorganisé et avoir un «nouveau visage» pour plus d'efficacité. «Le FMI est en train de changer pas seulement sur le plan éthique mais aussi pour plus d'efficience», a-t-il dit. Selon le comité de développement de la Banque mondiale, «on a fait preuve d'esprit de décision et mené une action complémentaire pour aider les pays en développement à faire face à la crise, favoriser l'adoption de mesures anticycliques, et contribuer à combler un déficit de financement considérable, notamment en déployant des efforts pour relancer les flux de capitaux privés». Plus explicite, ce comité souligne : «Nous devons maintenant donner une suite concrète aux engagements que nous avons pris, notamment ceux formulés par les participants au récent sommet de Londres, en prenant des mesures concertées et en dégageant des ressources supplémentaires. Nous demandons instamment à tous les bailleurs de fonds de concrétiser plus rapidement la promesse qu'ils ont faite d'accroître leur aide et nous devons, quant à nous, examiner la possibilité d'aller au-delà de nos engagements actuels.» Concrètement, le comité compte, précise-t-on, appuyer les initiatives lancées par la BM et encourager la mise en œuvre rapide de plusieurs actions pour protéger les plus démunis. Il s'agit de la mise en place du mécanisme de financement en faveur des pays vulnérables, qui regroupe le programme d'intervention en réponse à la crise alimentaire et le nouveau programme d'intervention rapide dans le secteur social alors que la Société financière internationale (SFI, filiale de la BM) a également créé le mécanisme de renforcement de la microfinance pour aider les emprunteurs pauvres. Par ailleurs, la SFI a porté le montant de son programme de financement du commerce mondial de 1 à 3 milliards de dollars, et a lancé le programme de liquidités pour le commerce mondial, qui devrait fournir un appui au commerce à hauteur de 50 milliards de dollars au cours des trois prochaines années. Pour l'infrastructure et l'emploi, la BM prêtera jusqu'à 15 milliards de dollars par an au titre de projets d'infrastructure, et la SFI a mis en place le mécanisme d'appui à l'infrastructure en situation de crise. S. B.