Tiraillés entre des facteurs baissiers, dont la grippe porcine, et des incertitudes liées à l'évolution de l'économie mondiale dans son ensemble, les cours de pétrole caracolaient hier autour de cinquante dollars dans un marché caractérisé par des échanges réduits, le 1er mai étant férié dans de nombreux pays européens. En valeur, le brent de la mer du Nord pour livraison en juin perdait ainsi 60 cents à 50,19 dollars le baril. A New York, le baril de «light sweet crude» pour la même échéance cédait 42 cents à 50,70 dollars. Et cette tendance ne risque pas d'être bouleversée dans l'immédiat. Les analystes des marchés estiment que les ajustements de position que prendront les investisseurs avant le week-end vont servir de direction au marché. Avec la fermeture de plusieurs places financières européennes hier, la direction de la journée devait être donnée plus que jamais par l'indice Dow Jones et le dollar, souligne Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix, cité par des agences de presse. Avec des stocks pléthoriques aux Etats-Unis et une reprise de la consommation qui se fait attendre, la tendance des prix est tirée vers le bas même si les marchés restent portés par les Bourses et autres éléments de hausse comme l'affaiblissement du dollar face aux autres devises, la dépréciation de la monnaie américaine tend à renforcer actuellement l'attrait des matières premières auprès des investisseurs. La séance de jeudi dernier a été une bonne illustration de la tendance actuelle, marquée par des cours versatiles, coincés dans une étroite fourchette, a observé à ce sujet Marius Paunn, repris par des agences de presse. En petite hausse dans la matinée, les cours sont repassés dans le rouge en fin d'échanges européens, avant de clôturer sur un petit gain. La crainte d'une propagation de la grippe porcine entretient aussi ce climat d'incertitude. Elle a jusqu'alors peu affecté les prix du brut, bien qu'elle menace les transports et le tourisme, et donc la consommation pétrolière. Du côté de l'offre, les derniers chiffres publiés mercredi dernier par le département américain à l'Energie ont montré que la demande aux Etats-Unis, premier pays consommateur d'or noir dans le monde, s'affichait en baisse de 6,8% par rapport à l'an dernier, malgré la chute des cours sur la période. Ces mêmes statistiques avaient également montré une nouvelle progression, la semaine dernière, des réserves de brut du pays, au plus haut depuis 19 ans. Seule lueur d'espoir, qui avait soutenu les cours mercredi dernier, les stocks d'essence ont chuté de 4,7 millions de barils, grâce à une baisse des importations et de la production. Résistant à la pression exercée par ces chiffres, les cours se sont malgré tout maintenus autour du seuil de 50 dollars le baril, un niveau qui n'arrange pas les pays pétroliers, parce que, à ce prix, il est impossible de pouvoir engager des investissements rentables dans le secteur pétroliers. L'OPEP qui essaye, autant que faire se peut, de maintenir stables les marchés, estime qu'un baril à soixante dollars «est bon». L'organisation viennoise se réunira le 28 mai pour examiner les marchés et il est peu probable qu'elle réduise ses quotas de production. Y. S.