Affectés par la crainte qu'une pandémie de grippe porcine n'entame davantage une consommation mondiale de pétrole déjà mal en point, les cours du pétrole restaient en baisse en fin d'échanges européens, hier. Le brent de la mer du Nord pour livraison en juin perdait 82 cents à 50,78 dollars le baril. A New York, le baril de «light sweet crude» pour la même échéance lâchait 91 cents à 50,64 dollars. Durant les échanges, les prix ont perdu plus de 3 dollars, tombant jusqu'à 48,40 dollars à Londres et 48,01 dollars à New York. Les marchés limitaient un peu leurs pertes en fin de séance européenne. Alors que les derniers indicateurs avaient commencé à peindre un tableau moins baissier de l'environnement économique actuel, les inquiétudes liées à la possibilité d'une nouvelle pandémie de grippe ont exercé une forte pression sur les prix du brut, a commenté Christophe Barret, analyste chez Calyon, cité par de agences de presse. Une pandémie entamerait sans doute la consommation de carburants pour avion et réduirait davantage la confiance des consommateurs, les ventes de détail et la demande de transport, développe-t-il. Sachant que les réserves pétrolières sont à des niveaux record et que les fondamentaux du marché sont très fragiles, la réaction du marché ne semble pas exagérée, insiste-t-il. Selon lui, si l'épidémie n'est pas enrayée rapidement et si le virus s'avère vraiment dangereux, les prix pourraient baisser encore. En effet, au tableau de la consommation, presque tous les voyants sont passés au rouge : les stocks américains de brut sont au plus haut depuis 19 ans ; ceux de l'OCDE ont fortement étoffés, ils représentent 61,6 jours de consommation, un niveau supérieur à la moyenne sur cinq ans ; la demande mondiale devrait enregistrer une forte baisse cette année. Enfin, le deuxième trimestre, qui correspond au printemps dans l'hémisphère Nord, est traditionnellement une période de demande réduite. Le seul facteur de soutien physique pour les prix est l'OPEP, estiment les analystes du cabinet viennois JBC Energy. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a taillé à plusieurs reprises dans son offre, pour un total de 4,2 mbj fin 2008, réussissant à mettre un plancher sous les prix, qui étaient tombés jusqu'à 33 dollars en décembre. Mais son secrétaire général, Abdallah El Badri, a indiqué dimanche dernier à Alger que l'Organisation souhaitait un prix du baril supérieur à 70 dollars. Tous les producteurs, quels qu'ils soient, sont extrêmement mal à l'aise avec les niveaux de prix actuels, estiment les analystes de Barclays Capital. R. E.