Photo : Zoheir De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Toute économie solide repose en grande partie sur un important tissu de petites et moyennes entreprises activant dans différents secteurs et diverses spécialités. De par leur nombre et malgré leur taille modeste, celles-ci emploient en général plus de la moitié de la population active et contribuent fortement à la création de richesses. En Algérie, la PME commence à peine à émerger et à se maintenir difficilement sur un marché dont les règles sont souvent transgressées ; certaines disparaissent quelques mois après leur création, d'autres tentent de s'accrocher et de survivre dans un milieu et un environnement hostiles où la concurrence souvent déloyale les terrasse et pousse certaines d'entre elles à la faillite. Il faut dire que l'informel étouffe et tue la PME, le marché est inondé de produits et d'articles contrefaits cédés à des prix défiant toute concurrence, produits qui, en dehors du fait qu'ils portent atteinte à l'économie nationale, représentent un danger pour la santé publique parce que ne respectant pas les normes internationales. Cette situation qui menace le développement, la pérennité et l'existence même de ces entités économiques stratégiques est aggravée par l'absence de formation des jeunes entrepreneurs qui veulent monter leurs propres affaires et réussir. Ceux-ci ignorant les besoins réels du marché et n'ayant aucune notion sur la création de l'entreprise, encore moins sur sa gestion, se lancent pourtant dans ce milieu et se retrouvent quelques mois plus tard confrontés à des problèmes insolubles qui, invariablement, aboutissent à la dissolution et à la faillite. C'est pour pallier ce genre de situations qu'à la fin du mois dernier un Salon de l'entrepreneuriat a été organisé conjointement par la Chambre de commerce et d'industrie et la direction de la PME de Annaba. «Cette manifestation fait partie du programme d'action en direction des jeunes porteurs d'idées ; l'objectif est la création d'entreprises, d'emplois et de richesses. Nous œuvrons dans tous les secteurs et nous accompagnons les jeunes en les orientant et conseillant ; comme vous le constatez, il y a dans ces stands tous les services concernés», déclarera le directeur de la PME locale. Le département des sciences de la communication, présent à travers le Laboratoire interdisciplinaire d'études pour l'entreprise (LIDEE, comme se plaît à l'appeler son responsable) propose, par le biais de son projet, Formation Innovation CRéation d'Entreprises (Ficre), son savoir-faire et son expérience dans la concrétisation de projets de création d'entreprises. «Le plus important, nous confie le directeur du laboratoire, c'est l'idée, ensuite c'est notre assistance, nos conseils ; nous apportons l'appui de l'université et nous encourageons le jeune entrepreneur à concrétiser son projet sur la base d'une étude qui s'appuie sur l'opportunité, lafaisabilité et la réalisation, un processus rationnel qui ne peut faillir et, ainsi, nous assurons la pérennité du projet retenu.» Création de PME : entre échec et réussite La trentaine d'exposants installés dans le hall du palais de la culture n'ont pas chômé durant les trois jours qu'a duré le salon. ANGEM, ANSEJ, CNAC, Pépinière d'entreprises, direction de la formation professionnelle, Fonds de garantie des crédits, banques publiques et privées, ANIREF, ADS, associations de jeunes, les quatre chambres, celles de commerce et d'industrie, d'agriculture, de pêche et d'artisanat, espace conseils et orientation, tous étaient là «au chevet» de l'entreprise pour lui apporter leur soutien. Six ateliers de communication ont été organisés pour expliquer et vulgariser la notion d'entreprise de façon que tous les jeunes puissent en saisir la signification, s'intéresser à sa création et ainsi se prendre en charge. «Il nous faut accompagner le jeune dans la création de l'entreprise, poursuit M. Belkheir, directeur de la PME, de l'idée au marché, ces ateliers que nous organisons se proposent d'inculquer des notions telles que les facteurs clés de la réussite, l'adéquation projet/homme ou encore l'entrepreneuriat ; nous voulons ainsi que le jeune ait tous les atouts de son côté pour réussir son entreprise. Le meilleur moyen de montrer aux jeunes entrepreneurs qu'on peut réussir en mettant en pratique les conseils que nous prodiguons. C'est cela la réussite de ces petites entreprises qui exposent aujourd'hui, elles sont au nombre de dix, toutes financées dans le cadre des différents dispositifs d'aide ANSEJ, CNAC, ANGEM.» Il faut cependant signaler que des dizaines de petites entreprises n'ont pas fait long feu et ont disparu du paysage économique. Les causes sont, selon le directeur de la PME de la wilaya, multiples : études technico-économiques superficielles et non fiables, créneau investi saturé, inexistence de locaux censés abriter le projet ou encore le refus de financement par les banques malgré les garanties. Le salon n'a pas désempli durant tout le temps qu'a duré la manifestation ; le public, venu des communes et quartiers avoisinants, était là pour s'informer du fonctionnement et de la création d'une PME dans l'éventualité de devenir son patron. En 2009, à Annaba, en dehors des quelque 8 097 entreprises activant dans différents secteurs et employant 45 566 travailleurs, 281 nouvelles ont vu le jour et ont créé 1 489 emplois permanents.