Photo : Riad Entretien réalisé par notre envoyée spéciale à Dakhla Fella Bouredji LA TRIBUNE : Madame la ministre, de quelle manière pensez-vous que le Festival international du cinéma du Sahara occidental peut agir pour la cause sahraouie ? Khadidja Hamdi : Ce qu'on attend en premier de cette manifestation est la solidarité. Nous avons besoin de nous sentir entourés et soutenus dans notre combat, et le fait de rallier chaque année de nouvelles personnes à notre cause nous rassure. A travers ce festival, nous voulons transmettre un message sur la réalité du peuple sahraoui. Préserver le patrimoine culturel d'un peuple est difficile quand on se trouve dans une situation d'instabilité et de précarité. Quelles mesures prenez-vous pour contrer cette difficulté ? On est en train de mener une grande bataille pour préserver le patrimoine culturel sahraoui. Quand on vit dans des campements, la culture perd sa place. Toutes les associations qui activent pour venir en aide aux Sahraouis pensent qu'ils ont juste besoin de manger et de boire et d'avoir les soins minimum. La culture sahraouie est une culture orale, difficile à préserver. Mais nous travaillons sur plusieurs projets qui visent à rapprocher les générations pour transmettre les traditions et les valeurs et entretenir notre patrimoine culturel immatériel. On a beaucoup perdu au niveau archéologique avec les dégradations naturelles et humaines, notamment durant la guerre, mais nous sommes en train de faire un travail de sensibilisation. Et nous travaillons sur un projet de loi sur la protection du patrimoine que nous avons proposé au Parlement sahraoui. Quelles sont les autres activités culturelles organisées dans les campements en dehors du Festival international du cinéma ? Comme vous devez bien le deviner, quand on vit dans des campements, la culture n'est pas prioritaire, mais nous activons pour sensibiliser les gens à l'importance de la culture en organisant tout au long de l'année des activités, des festivités et des festivals régionaux. On peut citer le plus important : le Festival national du patrimoine culturel et de l'art traditionnel qui se tient chaque année en décembre et qui rassemble beaucoup de Sahraouis. Que pensez-vous du rôle que l'Algérie peut jouer dans vos actions de préservation de la culture sahraouie ? L'Algérie a joué et continue de jouer un grand rôle dans notre combat. Elle a une position courageuse qu'il faut d'ailleurs saluer. Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère algérien de la Culture. Nous recevons souvent des groupes de musique qui viennent interpréter dans les campements. Il y a des échanges enrichissants et un travail commun qui se fait et l'Algérie contribue à la préservation de la culture sahraouie. L'Algérie est un pays qui nous aide à porter notre combat et nous ressentons une grande gratitude envers son peuple. Vous affichez une grande déception face aux dernières résolutions adoptées par l'ONU. Pensez-vous que cette organisation peut vraiment répondre à vos attentes ? Nous avons été déçus surtout par la position de la France qui est allée à l'encontre des principes des droits de l'homme qu'elle est censée défendre. Pour ce qui est de l'ONU, elle a une position claire mais elle peut faire encore plus pour la résolution du problème sahraoui. Dans notre combat, il faut prendre en compte les positions et les revendications politiques mais il y a aussi une dimension humaine à ne pas ignorer.