La présence de la femme dans la sphère publique, tel a été l'objet de la rencontre-débat organisée hier par le forum du quotidien El Moudjahid, animée par un panel de personnalités féminines. A leur tête, la sénatrice Mme Zohra Drif Bitat, qui a axé son intervention sur le combat des femmes algériennes durant les années 80, un combat, précisera-t-elle, menée essentiellement pour l'accès aux sphères publiques. Ces dernières, précisera-t-elle, se sont notamment mobilisées contre la discrimination qui les a longtemps pénalisées. Si elles ont réussi à faire d'importantes avancées dans ce domaine, notera-t-elle, les Algériennes ont eu, en revanche, plus de difficultés à percer dans le champ politique. Pour l'intervenante, la scène publique n'est pas uniquement identifiable au politique, mais comprend aussi l'espace socio-économique. «C'est le politique qui a permis à ces dernières de s'imposer par la parole et par l'acte […] Malgré l'évolution qu'elles ont réalisée, est-ce que réellement elles pèsent dans le société ?» s'interroge l'intervenante avant de répliquer en ces termes : «Le combat que nous avons commencé à mener dans les années 80 est loin d'être réalisé !» Vice-présidente de l'association des femmes chefs d'entreprise (SEVE), Mme Françoise Halimi notera que l'émancipation de la femme ayant permis son entrée dans la vie active a largement contribué à l'amélioration du niveau de vie de leurs familles. Mieux, dira-t-elle, ce sont des considérations économiques qui ont entraîné une participation plus importante des femmes dans des activités professionnelles. «En tant qu'association de femmes chefs d'entreprise, nous encourageons vivement l'entrepreneuriat féminin même si nous savons que ce n'est pas toujours évident !» conclura-t-elle. Intervenant à son tour, l'ex-ministre et présidente d'associations féminines Saïda Benhabyles a tracé l'évolution de la condition féminine en Algérie, depuis la période coloniale jusqu'à nos jours. Elle rappellera que pendant la guerre d'indépendance, les femmes algériennes étaient à l'avant-garde de ce combat et ce, poussées uniquement par la portée de la cause nationale. «Elles n'avaient pas besoin qu'un parti politique le leur demande !» dira-t-elle avant de faire le même constat s'agissant de la présence des femmes durant la décennie de feu et de sang qu'a connue le pays. «La femme a investi le terrain dans les moments les plus durs de l'histoire de l'Algérie, les archives sont là pour témoigner de cela. Les femmes ont défendu la République et pour cela, elles n'ont pas répondu à l'appel d'un parti mais ont réagi par un élan spontané !» précisera-t-elle avant de noter que les formations politiques ont brillé par leur absence à cette période. M. C.