Jadis fierté de la consommation algérienne, l'orange, tous comme les autres agrumes d'ailleurs, fait ces dernières années la grosse tête en devenant inaccessible aux bourses moyennes qui se rabattent souvent sur un produit de moindre qualité. Le directeur de la station expérimentale de Boufarik, et bien d'autres experts, ont reconnu justement la cherté de ce fruit hivernal qui regorge de vitamine C dont les effets thérapeutiques sur la grippe ne sont plus à démontrer. Malheureusement, la filière qui génère ce fruit riche n'arrive plus à s'organiser et la situation devient d'autant plus difficile à gérer en raison de l'introduction de personnes à capitaux qui font de la vente sur pied et de la spéculation. Même les nombreuses tentatives d'exportation ont fini par des échecs en raison du désaccord sur le prix mais aussi de la qualité des fruits qui ne répondent pas aux normes requises pour leur introduction sur le marché international. La situation de l'agrumiculture est donc peu reluisante selon un constat général établi par les professionnels. Mais M. Moualhi rassure quand même qu'elle sera améliorée nettement une fois les nouvelles plantations entrées en production. Ce qui se fera dans une dizaine d'années environ. Selon lui, il n'y a pas eu rétrécissement des surfaces car même si d'un côté il a été procédé à des arrachages de plants, car, le verger agrumicole national a pris de l'âge, à l'exemple de celui de Blida, dont plus de 36% sont âgés de plus de 50 ans, des plantations ont également été opérées, notamment dans le cadre du PNDA (Plan national de développement agricole), grâce auquel pas moins de 6 700 hectares ont été plantés rien que dans la Mitidja au cours de la période 2000-2005. Une évolution de 22 000 hectares au niveau national est à relever. Le programme de développement des agrumes proposé par l'ITAF (Institut technique de l'arboriculture fruitière) ambitionne de pousser la filière plus vers l'est de l'Algérie que vers l'ouest, en raison de son climat qui s'y prête, car à l'ouest le déficit en pluviométrie ne répond pas aux besoins des agrumes qui sont de l'ordre de 12 000 m2 par an, dont 6 000 m2 assurés par les pluies et le reste par irrigation. Les zones potentielles retenues sont Jijel, Annaba, El Tarf, et Guelma. Une petite zone est cependant retenue à Oran et deux autres sites à Tlemcen. Chlef et Relizane sont aussi considérées comme des zones potentielles pour cette filière et, dans la même région, Aïn Defla, que le plan de développement agricole national a transformé en un pôle important dans le domaine de l'arboriculture. Ce programme de l'ITAF devrait être discuté au cours d'ateliers sur les différentes filières, entre autres, l'oléiculture et l'arboriculture qui dégageront un plan d'action pour mettre en œuvre le programme en question. Dans la Mitidja, le programme est plutôt de réhabiliter le verger existant, bien qu'il soit, en majorité, vieux. Les étapes de ce projet de réhabilitation des vergers de la Mitidja passe d'abord par la réalisation d'enquêtes dans toute cette zone, la délimitation du verger agrumicole par l'utilisation de l'image satellite ou photographie aérienne, préconise l'ITAF, qui ambitionne de créer une base de données informatique, de déterminer les superficies à arracher et le remplacement progressif du verger âgé selon un calendrier préétabli avec quantification des besoins en plants, de même que la production de matériel végétal de qualité. Seulement, ce travail de longue haleine demande des financements colossaux. Quand on sait qu'une seule image satellitaire devra lui coûter la bagatelle de 700 000 DA, on se demande comment cet institut va y remédier. L'adhésion de tout le monde à ces programmes ne pourra être que bénéfique, dira M. Moualhi, directeur de la station d'expérimentation de Boufarik relevant de l'ITAF. En tout cas, nous dit-il, le ministère de l'Agriculture nous soutient dans cette voie sur doléance des agriculteurs qui demandent assistance. Par ailleurs, il faut retenir que le rôle principal de la station d'expérimentation de Boufarik est de porter assistance et appui technique aux agriculteurs et de faire des expérimentations, de même que des multiplications. La dernière en date a porté sur 97 variétés sur un ensemble de 110 introduites par le CNCC (Centre national de certification). Avant elle, une multiplication sur 44 variétés introduites par l'INRA (Institut national de recherche en agronomie) a également été faite. Toutes ces opérations s'inscrivent dans le cadre d'un partenariat avec l'INRA de France. Il s'agit aussi pour le CNCC de créer des parcs à bois de variétés commerciales avec un matériel végétal certifié. Un dispositif de production est d'ailleurs mis en place par l'ITAF avec la contribution de fermes pilotes. Le programme est en cours et vise à authentifier le matériel végétal. Car, en l'Etat actuel des choses, il y a beaucoup de mélanges de variétés, ce qui cause souvent des problèmes. Pour parer à cette difficulté, l'ITAF envisage d'aller vers un cahier des charges pour la production d'un matériel végétal sain. Des programmes ambitieux qui, peut-être, rendront leurs années fastes aux oranges algériennes, qui étaient exportées alors que de nos jours on recourt même à l'importation lorsque cela est nécessaire. B. A. 62 126 ha d'agrumiculture Les statistiques établies par l'ITAF font ressortir une superficie agrumicole nationale de 62 126 ha, dont celle de la Mitidja qui est de l'ordre de 26 649 ha, soit un taux de représentativité de 42%.L'augmentation de la superficie agrumicole est de 22 000 ha pour la période 2000-2006, soit 50% du verger. Cette augmentation est de 6 729 ha pour la Mitidja, soit 30% de nouveaux vergers.Selon M. Moualhi, directeur de la station expérimentale de Boufarik, cette évolution ne pouvait être enregistrée que grâce à la relance induite par la mise en œuvre du Programme national de développement agricole (PNDA) qui a pris en charge le soutien par le financement des principales actions des projets de développement des agrumes.Pour ce qui est de la production agrumicole nationale, elle se situe à un peu plus de 6 millions de quintaux, dont 5 317 640 quintaux (85%) dans les zones principales de la Mitidja. Toujours selon les chiffres de l'ITAF, le volume de production des autres wilayas du territoire national est de 956 420 quintaux soit 15%. Le taux d'accroissement de la production nationale entre 2003 et 2005 est estimé à 11,7%. Le rendement moyen national des trois dernières années est de 137,6 quintaux à l'hectare. Celui des principales zones est de 142,8 quintaux à l'hectare. Le rendement des autres wilayas est de 92,1 quintaux à l'hectare. B. A. Station expérimentale de Boufarik : 309 variétés préservées Le patrimoine génétique des agrumes est, à ce jour, préservé à la station expérimentale de Boufarik. Les ressources des 309 variétés conservées sont devenues le cheval de bataille des responsables en charge de cette station. Longtemps délaissée pour des raisons sécuritaires au cours de la décennie noire qu'a vécue le pays, cette collection variétale est reprise en main pour être redressée. «Durant cette période, personne ne pouvait accéder à cette collection», a confié M. Moualhi, directeur de cette station. Gardée au niveau d'une annexe entre Soumaa et Boufarik, Bouamrouss», cette collection est en train d'être transférée à la station de Boufarik pour mieux assurer sa préservation et surtout son enrichissement. Il faut savoir que des experts de l'INRA-France (Institut national de recherche en agronomie) ont été accueillis dans cette station en juillet dernier, et étaient ravis de découvrir cette richesse variétale. Cette visite s'inscrit dans le cadre d'un projet piloté par l'INRA-Algérie avec le concours de l'INPV et l'ITAF sur les aspects sanitaires danscette filière. Un travail technique, scientifique et d'expertise de même que des échanges de matériel végétal est en train de se faire. Le CNCC et l'INRA ont déjà introduit chez eux du matériel végétal qui est en train d'être multiplié pour enrichir la collection de cette station. B. A.