Synthèse de Rachida Merkouche La charte universitaire est en cours d'élaboration et sera prête à la prochaine rentrée universitaire. Le président du conseil de déontologie de l'université, le Pr Abdelhamid Aberkane, l'a affirmé hier dans une déclaration à l'APS, indiquant que ce projet qui constitue «une revendication commune de tous les acteurs de l'université» sera finalisé à la date prévue, c'est-à-dire à la prochaine rentrée universitaire. L'élaboration de cette charte a été rendue possible grâce, notamment, au travail du Centre de recherche en déontologie sociale et culturelle (CRDSC) d'Oran à travers la réalisation d'une étude qui sert de plate-forme. L'étude, qui a couvert des établissements universitaires, a pris comme échantillon des enseignants, des administrateurs et plus de 60% d'étudiants, dont la plupart poursuivent des études en sciences humaines et sociales. L'intervention du président du conseil de déontologie de l'université semble être venue en réponse à des revendications de syndicats universitaires, dont l'UNEA qui a souligné récemment la nécessité d'accélérer la promulgation de la charte universitaire devant permettre d'endiguer la violence en milieu universitaire à travers la consécration de la culture du dialogue. Le Pr Aberkane a estimé que les actes de violence enregistrés dans les établissements universitaires démontrent de «la vulnérabilité» de l'Université et de «son incapacité à faire face aux phénomènes auxquels elle est confrontée». De ce fait, cette charte constituera selon ses propos un moyen «d'amener les acteurs concernés à trouver des solutions scientifiques, le but étant d'impliquer tout un chacun dans ce processus». D'ailleurs, des comités locaux ont été créés à cet effet comme l'a indiqué le même interlocuteur. L'efficacité de cette charte ne semble pas convaincre tout le monde puisque, de son côté, le secrétaire général du conseil national des enseignants du supérieur, M. Abdelmalek Rahmani, a estimé que «face à l'escalade des actes de violence dans l'enceinte universitaire, les derniers en date s'étant produits à Sétif et Tizi Ouzou, ce projet reste insuffisant du fait qu'il est limité dans ses aspects liés à l'organisation des relations dans le cadre de la déontologie universitaire». Selon cet interlocuteur, les acteurs concernés doivent tenir compte des autres formes de violence en réfléchissant sur d'autres mécanismes et en associant les autres secteurs. Le secrétaire général de l'Union générale des étudiants libres (UGEL), M. Smaïl Medjahed, a souligné que ce qui fait défaut aujourd'hui c'est l'absence d'une loi précisant et régissant la relation entre les parties de la communauté universitaire (administration, enseignants et étudiants), ajoutant que «cet état de fait a entraîné de nombreux dépassements». La violence en milieu universitaire n'arrête pas d'interpeller aussi bien la communauté universitaire que les pouvoirs publics et, à propos des causes, Mme Ouchaalal Kahina, sociologue au centre des recherches appliquées en économie et développement, a indiqué que celle-ci «est un véritable baromètre de la violence au sein de la société». Elle a imputé la recrudescence du phénomène à la détérioration de la relation étudiant-enseignant et à la nouvelle mentalité qui privilégie l'aspect matériel par rapport à l'aspect intellectuel.