La charte universitaire, concoctée il y a quelques mois par le ministère de l'Enseignement supérieur, dont l'objectif principal est de mettre un terme à toute forme de violence dans la communauté universitaire, est sur le point d'être finalisée. C'est ce qu'a affirmé M. Adel, membre du Conseil de déontologie de l'université (CDU) que préside le Pr Abdelhamid Aberkane. Contacté hier, le représentant du Conseil indique que des rencontres cycliques, regroupant l'ensemble des acteurs de l'enseignement supérieur, se tiennent depuis des semaines et se poursuivront «tout au long du mois de septembre pour que les textes de cette charte soient prêts et appliqués dès la rentrée 2009/2010», a-t-il précisé. Le professeur Adel ajoute que l'élaboration, en concertation, de la charte universitaire vise en premier lieu à lutter contre la violence dans les établissements universitaires. «Cette charte qui est une revendication commune de tous les acteurs de l'université sera prête à la prochaine rentrée universitaire et c'est le délai fixé pour la finalisation de ce projet», a-t-il soutenu. Cette charte comporte, explique le professeur, deux volets principaux : la lutte contre la violence et la coercition, et la liberté de l'exercice syndical. Sur la question de la violence et de la coercition, cette charte stipule que les relations entre enseignants et étudiants ne doivent jamais dépasser le cadre universitaire. «Toute autre forme de relation est strictement interdite. Le harcèlement, qu'il soit sexuel ou verbal, est également clairement défini et puni». Au sujet du renforcement de la sécurité à l'intérieur des campus, il dira que tout objet servant d'armes blanches sera strictement interdit. Par ailleurs, joint au téléphone, Abdelmalek Rahmani, SG du Conseil national des enseignants de l'enseignement supérieur qui se dit «non concerné» par l'élaboration de la charte en question, indique cependant que le phénomène de la violence qui gangrène l'Université se débat au niveau de la société, «seul espace en mesure d'analyser et de trouver des solutions». Pour le CNES, l'ouverture politique et l'élargissement du champ des libertés peuvent contribuer au retour de la paix sur les campus. Les organisations estudiantines se déclarent, elles, optimistes quant au rôle attendu de la charte pour calmer les tensions entre enseignants et dirigeants de l'Université. L'assassinat d'un professeur par un étudiant en octobre 2008 à Mostaganem, qui avait profondément choqué la famille universitaire, voire l'ensemble de la population, et la mort d'un étudiant en droit à Tizi Ouzou, tué de plusieurs coups de couteau, ont suscité une réaction de la part des milieux de l'Enseignement supérieur. «L'université algérienne doit être un havre de paix, un espace d'échange duquel doit être bannie la violence», a déclaré le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia. Le ministre a affiché sa volonté de dépasser la «période difficile», dit-il, qu'ont traversée les campus, faisant notamment référence aux meurtres commis ses dernières années. Le ministère a commandé au Centre de recherche en déontologie sociale et culturelle une étude qui doit constituer la base de travail et la référence de la charte envisagée. La charte obligera les enseignants et les organisations estudiantines à rendre des comptes et déterminera avec exactitude les prérogatives des uns et des autres