De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati C'est en vigueur depuis toujours. Les certificats médicaux de complaisance qui dispensent les élèves de sport scolaire n'ont pas encore disparu de nos mœurs. De nombreux médecins établissent ce document à des élèves soit par affinité avec les parents soit par appât du gain, tout simplement, alors que la réglementation l'interdit que les pouvoirs publics n'ont aucun doute sur le fait que ces pratiques sont courantes. Toutes les wilayas du pays sont concernées par ce phénomène et celle de Tizi Ouzou n'est pas une exception, dans la mesure où cette question concerne encore des centaines d'élèves des différents paliers du secteur de l'éducation. «Les responsables de l'éducation et un certain nombre de médecins y exerçant sont à l'origine de cette situation qui fait que des élèves tournent le dos à la pratique sportive dans leurs établissements scolaires», déclare un médecin qui exerce dans la ville des Genêts depuis de longues années. Se disant écœuré par ces pratiques «indignes» de la part de gens tenus par le serment d'Hippocrate, notre interlocuteur, qui a choisi de garder l'anonymat, pense que les pouvoirs publics n'ont pas donné l'importance qu'il faut à la pratique sportive parmi les écoliers. Pour lui, «quand beaucoup de professeurs de sport ne prennent pas au sérieux leur travail, cela se répercute sur les élèves qui se ruent vers les certificats médicaux et s'adonnent également à des absences répétitives sans que l'administration sanctionne les contrevenants», lance encore notre interlocuteur sur un ton coléreux pour s'indigner ensuite du fait que des familles se procurent des certificats médicaux de dispense pour leurs filles portant le voile. De nombreuses filles, en effet, sont concernées par cette question de dispense de la pratique sportive pour des raisons religieuses mais parfois aussi pour des raisons d'archaïsme et d'intégrisme, encouragées par certains médecins qui n'hésitent pas à signer des ordonnances et autres certificats médicaux avec des motifs réels qui n'ont rien à voir avec ce qui est prévu par la réglementation. Les responsables de la direction de l'éducation de la wilaya de Tizi Ouzou étant indisponibles, nous n'avons pas pu avoir des informations sur la réalité officielle de ces dispenses, notamment le nombre d'élèves dispensés de sport durant l'année scolaire en cours. Les quelques éléments de l'académie que nous avons pu joindre ne disposent pas des éléments d'information recherchés, mais, même en se disant non habilités à communiquer avec la presse, nos interlocuteurs se disent conscients de cette problématique, très difficile à résoudre. Au point que c'est devenu une maladie incurable, dans le jargon même de ces fonctionnaires, surtout que cela concerne une pratique illégale qui met la tutelle dans l'embarras puisqu'il semble difficile d'y mettre fin, pas seulement pour des raisons pratiques mais aussi «socioarchaïques».