La douleur du cancer est multiple et sa prise en charge doit être globale. Les psychologues du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) et leurs confrères des autres wilayas en sont conscients. C'est à eux que revient la difficile mission d'annoncer le diagnostic aux malades. C'est aussi eux qui se chargent de les accompagner dans leur travail de deuil quand il y a perte d'une partie du corps (sein, jambe, œil…). Ce sont aussi eux qui les assistent lorsqu'ils sont en fin de vie. «Ces malades savent qu'ils vont mourir. Ce qu'ils attendent de nous, c'est de les aider à avoir une mort décente», soutient l'une de ces psychologues, lors d'une rencontre organisée hier à Alger. «L'enfant est mort dans de bonnes conditions», raconte, soulagée, sa collègue de Tizi Ouzou qui témoigne de son expérience avec un enfant de 14 ans. La femme témoigne d'une expérience quelque peu différente de celles vécues jusqu'à présent. Et pour cause ! «L'enfant vivait dans le dénuement. Ses parents n'avaient pas les moyens de le transporter à l'hôpital et de lui rendre visite. Pis, il y avait des tensions dans la famille. Les relations étaient conflictuelles… J'ai fait appel à une association locale et à des organismes de l'Etat pour obtenir des aides financières, j'ai rapproché les membres de la famille à qui j'ai expliqué leur devoir de soutenir l'enfant durant ces moments de douleur intense, j'ai contacté les responsables de son lycée pour lui faciliter l'accès aux livres de la bibliothèque», précise-t-elle. «L'enfant est mort dans de bonnes conditions», affirme-t-elle à nouveau. Un travail communautaire qui a fini par aboutir grâce à l'engagement et la persévérance d'une psychologue dont le rôle initial était d'apporter une aide psychologique à l'enfant malade. L'aide n'était pas seulement psychologique mais aussi sociale. Une histoire émouvante qui a suscité l'admiration de l'assistance mais qui interpelle sur les difficultés des psychologues à faire face à la détresse des malades cancéreux. Et ce, depuis le diagnostic du cancer jusqu'à l'amputation de la partie atteinte ou la mort du malade, en passant par les différentes étapes d'annonce de la maladie, la réaction de la victime (colère, révolte, état dépressif, repli sur soi et, enfin, l'acceptation du cancer). Les psychologues affirment que leur travail n'est pas facile mais qu'il est indispensable pour aider les malades à supporter leur douleur et les effets indésirables du traitement médicamenteux. Leur rôle dans l'accompagnement des cas dépressifs est primordial. Voilà pourquoi il est important que les responsables du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière se penchent davantage sur les problèmes qui entourent la prise en charge des personnes atteintes de cette maladie. Une maladie insidieuse qui fait des ravages sur le corps et le psychisme aussi bien des personnes atteintes que du personnel soignant. K. M.