La nomination de Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement va remettre sur le devant de la scène la question de la majorité parlementaire qui, depuis l'avènement du président Bouteflika, n'a pas vraiment posé problème en termes de nombre. Mais en termes beaucoup plus politiques. C'est parce qu'aucun parti politique ne tient de majorité absolue au sein de l'Assemblée populaire nationale (APN) issue des élections législatives de mai 2007 que le problème des équilibres au sein du Parlement est définitivement réglé au sein de l'Alliance présidentielle, constituée par trois partis autour du Président. Mais cette composition a toujours constitué un sujet de polémique en ce que cela comporte comme message pour l'ensemble de la classe politique. Si les trois partis ont gardé un semblant d'entente, c'est en grande partie grâce à Bouteflika. Mais cette cohérence n'existe réellement que dans les discours et, accessoirement, à l'APN, lorsqu'il s'agit notamment d'approuver de grandes décisions. Le premier qui avait dénoncé l'actuelle configuration de la scène politique est le désormais ancien chef de gouvernement, Abdelaziz Belkhadem qui s'était élevé contre le fait que Ouyahia venait d'un parti qui n'avait pas de majorité, même relative, à l'APN. La même personnalité est, cependant, revenue aux affaires avec la même composante au Parlement. Le secrétaire général du FLN va-t-il encore sortir les mêmes arguments pour s'élever contre le retour de son allié ? Une telle hypothèse est très peu probable dans la conjoncture actuelle. D'abord, parce que la nomination de Ouyahia vient de la volonté d'un chef de l'Etat dont se réclament les partis de l'Alliance présidentielle. Et en vue des échéances politiques, le FLN ne peut que se mettre à la disposition de Ahmed Ouyahia, au nom de la cohésion de l'Alliance présidentielle, même si cette dernière, que préside le RND, ne s'est pas réunie depuis la fin de janvier dernier. Il apparaît clairement que, même minoritaire à l'APN, Ouyahia n'aura pas de mal à faire passer ses projets. Car, en plus de la cohésion que doit afficher l'Alliance, les échéances à venir en valent la chandelle pour les députés, notamment ceux des deux partis alliés du RND. Tout indique, donc, que le nouveau chef du gouvernement roulera sur une route très sûre. Mais la question qui reste posée est celle de savoir si Ouyahia va présenter sa déclaration de politique générale devant les députés. A. B.