La comédie qui tint en haleine durant plus d'un mois le champ politique algérien a pris fin mercredi par la nomination de M.Belkhadem à la tête du gouvernement, et la reconduction, jeudi, de l'équipe sortante de M.Ouyahia, à un élément près, Hachemi Djiar, nommé à la Communication, poste vacant depuis de longs mois. Où est le changement, est-on tenté de se demander. Aussi, la question qui peut se poser maintenant, c'est de savoir pourquoi ce scénario alambiqué pour mettre fin aux fonctions de ce haut commis de l'Etat, sachant qu'en politique rien n'est assuré et, ce qui est vrai aujourd'hui, peut ne plus l'être demain. Gageons qu'Ahmed Ouyahia -qui a en quelque sorte battu un record de longévité au service de la République en tenant plus de trois ans-, savait aussi qu'il évoluait sur une corde raide et que, à la moindre humeur, au moindre souffle de vent contraire, il pouvait s'en faire basculer. Ce qui a fini d'ailleurs par arriver. Sachant donc à quoi s'attendre dans un système, dont il connaît le rouage et le fonctionnement, auquel il a été tout dévoué, le chef du gouvernement sortant ne doit pas, en fait trop se plaindre. Mais ce qui fait ou doit faire problème, ce n'est même plus la manière peu élégante par laquelle M.Ouyahia a été évincé, c'est bien la finalité d'un changement où l'on reprend les mêmes pour recommencer. Pourtant, nombre de carences, d'à-peu-près, sont à la charge du gouvernement Ouyahia, dont l'équipe a été traitée d'incompétente par le président Bouteflika en avril dernier, lors de l'inauguration de la trémie de Chevalley, celui-ci allant jusqu'à accuser ses ministres d'être des «menteurs» désespérant même, de ne pouvoir trouver de vrais «hommes d'Etat» avec qui travailler. Or, l'équipe gouvernementale a été reconduite dans son ensemble alors que s'offrait au pouvoir l'opportunité de la renouveler par l'apport d'hommes neufs ayant justement le sens de l'Etat. Fallait-il toute cette ostentation pour se libérer d'un homme qui, outre d'avoir fait son temps, ne fait plus l'unanimité auprès de ses alliés du FLN et du MSP -qui font, avec le RND d'Ouyahia, l'Alliance présidentielle chargée d'appliquer le programme du président- et surtout ne semble plus avoir la confiance de M Bouteflika.? Certes, le système nous a habitués à ces tours de passe-passe, pour ‘'exécuter'' -terme employé par un confrère- un homme politique qui n'avait plus l'heur de plaire, mais pour M.Ouyahia seulement quand c'est l'ensemble de l'équipe qui avait besoin d'être rafraîchie, recentrée autour des problèmes auxquels font face les Algériens, lesquels sont aussi des électeurs, que beaucoup d'hommes politiques ont tendance à oublier pour ne s'en rappeler qu'à l'approche des échéances électorales. Ce qui illustre encore plus l'inconséquence de ces hommes politiques, ce sont leurs déclarations à l'emporte-pièce, qui disent facilement une chose pour affirmer son contraire le lendemain. Le responsable du MSP, Bouguerra Soltani, un exemple parmi d'autres, réclamait depuis des mois la constitution d'un gouvernement de «technocrates» dans la perspective des prochaines législatives, mais n'a pas manqué, jeudi, de saluer la reconduction d'un gouvernement dont seul le chef du gouvernement à été remplacé. Ce qui est loin du minimum revendiqué par son parti. D'autres responsables de partis politiques n'ont eu de cesse au long de ces derniers mois de critiquer un «gouvernement défaillant» qui sera néanmoins reconduit tel quel par le nouveau chef du gouvernement. Il est patent que quelque part l'équipe dirigée par l'ex-chef de gouvernement n'a pas été totalement à la hauteur de ce qui était attendu d'elle montrant des déficiences dans la gestion des affaires du pays, assez sérieuses pour faire sortir le président de ses gonds. Pourtant, ce sont les mêmes que l'on retrouve aujourd'hui aux affaires, qui gardent leurs fauteuils, sans autre forme de procès ou état d'âme. Sans doute qu'il fallait avoir la peau assez dure pour accepter sans broncher les admonestations du président, quand, sous d'autres cieux, un ministre qui respecte sa fonction aurait démissionné de son poste pour moins que ça et surtout pour carences publiquement constatées. Alors, pourquoi tout ce cirque, si c'est seulement pour dégommer un homme (qui dérange?) quand on s'attendait à ce que l'on donne, l'occasion se présentant, un nouveau dynamisme à un gouvernement qui s'est épuisé à tourner en rond ces derniers mois. Certes, la politique a ses raisons que la raison ignore, mais encore...???