De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Les comités de quartier et de village constituent, quand ils ne sont pas à la solde des pouvoirs publics, des relais sociaux de dialogue irremplaçables entre la population et les autorités, dans la prise en charge des revendications des habitants et le règlement de conflits de cités pouvant atteindre des proportions de troubles publics ; ces organisations sont plus que jamais d'actualité dans la mesure où, dans beaucoup de domaines et de secteurs de la vie quotidienne des habitants, on constate l'absence de sérieux sinon la démission des responsables locaux dans l'entretien de la cité et l'amélioration du cadre de vie. Les manifestations sporadiques et violentes d'habitants réclamant la prise en charge de graves problèmes d'assainissement, de voirie, de transport… sont la preuve du désengagement des autorités de tâches élémentaires et de la nécessité de l'encouragement à la création et du renforcement des comités de quartier et de village. Se rendant compte de l'intérêt de plus en plus accru de ces organisations dans cette conjoncture sociale très difficile pour les couches défavorisées de la population algérienne et des services qu'elles pourraient rendre à la quiétude des agents de l'Etat se trouvant dans le collimateur des révoltés et des émeutiers, le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, a mis en exergue «le mouvement associatif» dans le dernier plan d'action de son gouvernement en application du «programme du président de la République M. Abdelaziz Bouteflika». Dans ce sens, le gouvernement procédera à la révision des textes de loi en rapport avec le monde des acteurs associatifs dont les comités de quartier et village constituent un segment basique afin de lui faire jouer un rôle de médiateur dans les cas d'atteintes à l'ordre public et, peut-être, s'en emparer, le cas échéant, pour les besoins de campagnes électorales et de vote même si dans l'alinéa de ce plan d'action d'Ouyahia il est plus question de lutte contre les fléaux sociaux, du maintien de «la paix civile, la sécurité des personnes et de leurs biens» et des formes de la criminalité. En Kabylie, la mainmise des autorités sur les comités de quartier et toutes les autres organisations de masse a été fortement ébranlée par les événements du printemps noir 2001 qui avaient remis en cause les représentations satellites du pouvoir central dans la région. Déjà souffrant du manque de légitimité et d'un ancrage social en déficit, ces comités «fantoches» ont naturellement cédé devant la vague de colère des masses et la fougue juvénile. Des coordinations des quartiers et villages des wilayas de Kabylie, qui ont servi d'assises populaires à la force du mouvement citoyen des archs, sont nées sur les cadavres de la majorité des anciens cadres d'organisation villageoise en prenant en charge les revendications identitaire, linguistique et socio-économique exprimées dans la rue durant plusieurs mois. Au cours de cette période, ces comités se sont aussi grandement investis dans la résorption des incidences des affrontements entre les brigades antiémeute et les jeunes, comme par exemple leur apport dans le transfert vers les hôpitaux européens des blessés graves que les établissements hospitaliers d'Algérie étaient incapables de soigner et le versement de sommes d'argent sous forme d'aide aux familles de détenus. Cependant, avec les effets du temps qui passe, la surexposition de ces énergies volontaires plus longtemps que possible, les erreurs politiques commises et payées cash, la raréfaction et la désorganisation de la collecte des moyens financiers et la baisse sensible de soutien permanent de la population en plus des hostilités internes affichées publiquement à l'encontre des membres de ces coordinations conjuguées aux manœuvres du pouvoir ont donné un «coup de vieux» à l'image de ces coordinations. Après une étape difficile de reflux et de repli obligé, conjuguée à une redoutable stagnation au plan structurel et une fixation à la limite maladive sur la plate-forme de revendications initiale, ces coordinations, appelées comités citoyens dans quelques localités de Kabylie, disparaissent presque du paysage médiatique dont les entreprises les plus en vue ne les ont pas aidées à se relancer, allant, pour certaines d'entre elles, jusqu'à se constituer avec le fort bloc d'en face. Autre caractéristique pleine de promesses quant à l'avenir de ces comités qui agissent et font un travail de proximité en Kabylie : la composante jeune et lettrée qui fait son entrée dans beaucoup de villages qui comptant désormais sur le dynamisme et les compétences de jeunes universitaires ou tout simplement de jeunes volontaires pour réaliser des actions pour le bien-être et le bonheur de la collectivité. Enormément de villages, ont, en effet, placé leur confiance en ces jeunes qui ne sont pas forcément des chômeurs au détriment des «anciens» qu'on dit à tort ou à raison usés, dépassés par les demandes modernes de leurs mandataires pour la plupart jeunes et auxquels on reproche parfois leurs accointances égoïstes avec l'administration en contrepartie de dividendes personnels ou familiaux sans retombées positives sur le train-train de vie misérable des habitants qui subissent le mépris, la fuite en avant, l'incompétence et la discrimination des administrateurs et de quelques élus locaux. Les solution aux problèmes des villages et quartiers viendront peut-être en partie de ces intellectuels engagés au niveau restreint pour le règlement de conflits et de problèmes devant lesquels les pouvoirs publics, par ruse ou défaut de gestion, ne savent où donner de la tête.