Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Le verdict des journées d'étude ouvertes hier matin sur la réhabilitation du vieux bâti sera connu aujourd'hui à l'issue de la réunion des experts et des autorités publiques. Les étrangers sont représentés par des Espagnols, dont le chargé de mission à l'ambassade à Alger, M. Sergio Bianco chargé également du volet programme patrimoine et le bureau d'études Rehabi Med, guidé par M. Xavier Casanova. Deux journées d'étude sur la réhabilitation du secteur sauvegardé de Constantine sur le thème «méthodes et techniques de réhabilitation» se tiennent depuis hier à l'Assemblée populaire de la wilaya. La manifestation se veut particulièrement «journées d'expertises» en visant à mettre à nu les différentes opérations menées jusqu'ici en matière de restauration et du degré de réalisation auquel sont parvenus les différents bureaux d'études dégagés à cet effet. La séance inaugurale s'est déroulée en présence du chef de l'exécutif, de Mme Sahraoui, architecte urbaniste et consultante auprès de la wilaya, d'universitaires, et de la société civile. «Ces journées s'inscrivent dans la continuité des séminaires enregistrés à l'échelle locale quant à cette opération pilote. Il faut faire des haltes, des expertises sur les réhabilitations, expertises allant de la gestion, l'encadrement, pilotage au cahier des charges», a d'emblée expliqué Mme Sahraoui qui se charge aussi du volet modernisation de la ville. M Boudiaf, wali de Constantine, a, quant à lui, abondé dans le même sens que son conseiller : «Nous sommes en phase d'essai, donc il importe de s'autocritiquer en vue de dégager d'autres processus aptes à mieux chapeauter l'œuvre», devait-il mentionner et d'ajouter : «Le dossier de la réhabilitation dépend en grande partie de la modernisation de la ville. Aujourd'hui nous avons sollicité tous les acteurs concernés pour arriver à une évaluation.» Parmi les locaux, il y a lieu de citer un bureau d'expertise et d'études espagnol «RehabiMed» (Réhabilitation méditerranéenne) représenté par l'expert Xavier Casanova. Prenant la parole, ce dernier, mettra en premier lieu la difficulté de l'opération de la réhabilitation en s'appuyant sur le modèle de Barcelone qui demeure toujours, selon lui, en chantier après 20 ans du démarrage du processus. «La complexité des anciens centres nécessitent autant d'attention et de professionnalisme», dira t-il. Sur un autre chapitre l'intervenant met en garde sur la préservation et l'amélioration du cadre de vie des citoyens. Autrement dit, on ne doit pas sentir des chantiers qui viennent chambouler le quotidien de la population. Pour ce faire, M. Xavier insiste beaucoup plus sur la formation de maçons, d'architectes, c'est ce qui se fait d'ailleurs au sein de «RehabiMed». Cette conception sera payante. «On a eu la chance d'être convoqué par l'Union européenne dans le contexte du processus de Barcelone. Notre vocation est méditerranéenne et nous travaillons dans 14 pays. Actuellement «RehabiMed» s'occupe de la réhabilitation de Djedda en Arabie saoudite et de l'ancienne cité de Jérusalem». Par ailleurs, il faut savoir que ce bureau d'études détient la «casquette d'expertise et de celle de travailler sur des sujets de réhabilitation». Désormais, il faut songer à professionnaliser la spécialité de réhabilitation. «Un architecte en béton ne pourra accomplir la restauration de monuments historiques ou autre patrimoine», éclairera M. Xavier avant de nous faire part de l'édition prochaine d'un guide Ville pour tous, une collaboration entre «RehabiMed et l'Unesco», lequel manuel traitera de «l'entame du processus de réhabilitation dans une ville». La préservation du vieux bâti appelle «une spécialisation quasi certaine où le cadre de vie est trop pris en compte», réitère cet expert qui illumine le chapitre financier du vieux bâti en disant qu'«il devrait se tailler la part du lion, soit 60% du budget lui serait consacré, contre 40% seulement pour des nouvelles constructions». Il faut souligner que la première journée d'étude a été destinée à «la stratégie de réhabilitation du secteur sauvegardé à partir de la rue Mellah Slimane», étant donné que c'est le cœur de la médina. Communication proposée par Mme Sahraoui qui a, en outre, exhumé l'entame de ce processus en passant par le Master plan élaboré par les Italiens. A ce sujet, elle reconnaîtra son utilité, notamment «méthodique», avec le recensement de plus de 270 cartes utiles pour la délimitation et la restauration de la vieille ville. Cette chronologie sera suivie par deux exposés, l'un se rapportant au «Plan permanent de sauvegarde de la vieille ville, démarche et objectifs» présenté par le bureau d'études Jennie Kribeche et l'autre, «méthodes d'élaboration d'étude de réhabilitation du bâti ancien en prenant l'exemple de la maison Kaid Errahba». Une méthode pourrait voir le jour cet après-midi et servira d'atout aux bureaux d'études locaux en vue de booster… la réhabilitation parfois en souffrance faute de compétences spécialisées. RehabiMed en détiendrait-il la formule efficace ?