Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Heureux de retrouver sa classe ! Cette première satisfaction est à mettre sur le compte des élèves des deux premiers cycles. La décision de reprendre le chemin des établissements hier par l'Union des personnels de l'éducation et de la formation affiliée à la wilaya de Constantine a été entérinée avec un semblant de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Ainsi, sur un ton de consternation, le coordinateur de ce mouvement à l'échelle locale n'a pas caché son désappointement envers une tutelle assez répressive par cette décision de justice allant jusqu'à la radiation des corps de l'enseignant de la fonction publique, au lieu d'ouvrir les canaux de la communication ou d'entrevoir une issue satisfaisante. «C'est une pression et des menaces jamais prononcées par un ministre de l'Education nationale à travers le monde», estimera d'emblée le responsable de l'UNPEF qui a fidèlement livré le message portant motion de la reprise émanant de la centrale syndicale aux différents acteurs en grève depuis le 24 février. «Le ministre enfreint les libertés et droits syndicaux par ces sentences choquantes», analyse le responsable. Sur un autre plan, notre interlocuteur laisse entendre que la suspension du débrayage ne serait que partie remise, car les grévistes sont bien décidés à arracher leurs revendications haut la main. Autrement dit, attendre que la tempête passe pour revenir à la charge si la petite voix de la négociation promise par la tutelle ne serait pas agrandie. La décision centrale est intervenue dans le même courant du verdict de la justice. C'est en quelque sorte pour prendre à témoin l'opinion publique sur le respect de la loi par le corps des enseignants et, par ricochet, des activités syndicales, estime notre interlocuteur qui ne cache pas son désarroi quant à l'instrumentalisation enclenchée contre qui ? «Contre le pauvre enseignant», s'indigne-t-il. En ce qui concerne le CNAPEST, il demeure aux aguets de la réunion prévue aujourd'hui pour décider de la reprise des cours. Du moins, selon M. Bouceta, responsable de ce mouvement à Constantine, tout en balayant l'attitude «répressive» de Benbouzid. «Merci M. le ministre !!», dira-t-il, les cours reprendront juste après le conseil national. Mais, alertera-t-il, «on ira tout de même vers une offensive, car on ne peut entériner sans peine cette décision du ministre qui aura voulu ternir l'image de l'enseignant par le recours à des moyens lourds au détriment d'un dialogue de sage propre au secteur. Le chemin vers les classes sera tributaire de tout un conseil, les prochains jours, on verra plus clair». Sur un autre ton, questionné sur une éventuelle «trahison» de la part de l'UNPEF qui a rompu la chaîne de la protesta en se pliant aux menaces de Benbouzid, le conseil local rejette catégoriquement cette appréciation et avouera qu'«il s'agit là d'un timing seulement. Il a permis à l'union de geler la grève. Ainsi, la scission ou autre cassure dans cette alliance syndicale (CNAPEST-UNPEF) n'est pas à l'ordre du jour. Il n'empêche que cet élan entrepris par le gel de la grève laisse planer un doute sur les liens de ce duo syndical. Même si du côté du CNAPEST on tempère : «Au contraire, tous les syndicats autonomes ou autres devraient s'unifier à l'avenir pour une cause commune», lance-t-il. Au final, les deux premiers paliers ont dépoussiéré hier les classes après une rupture de près de deux semaines. Les lycéens, par contre, croisent les doigts pour une concertation sage à la base afin d'éviter un cumul de leçons ratées.