Les mesures relatives aux investissements prises dernièrement par le gouvernement sont des «correctifs» dictés par une conjoncture internationale particulière mais doivent être accompagnés par des textes d'application pour les clarifier. C'est ce que pense bon nombre d'experts, chefs d'entreprises et représentants d'organismes publics, ayant participé, hier, à une table ronde organisée par le forum d'El Moudjahid. Les quatre instructions sont justifiées, affirment les participants, mais ces derniers ne lésinent sur rien pour dire que les investissements nationaux devraient également avoir plus de considération étant donné que ceux étrangers sont epsilon. Ainsi, pour Redha Amarni, expert en industrie, le problème qui se pose actuellement est le manque ou l'absence- d'«un espace intermédiaire» qui permettrait, pense-t-il, aux différents secteurs économiques d'activer dans un environnement interactif. «On a l'impression que chaque secteur vit dans un autre monde», souligne-t-il, à ce titre. Il dira, en outre, qu'«on a exagéré dans l'ouverture économique». «N'importe qui peut venir et avoir un registre de commerce sans difficulté aucune», appuie-t-il, faisant remarquer qu'ailleurs les choses sont différentes. M. Amarni a soulevé, dans le même registre, la question de la «stabilité juridique» ou «institutionnelle» qui est perçue comme une condition sine qua non pour attitrer les investisseurs. A ses yeux, cette question est cruciale. L'expert recommande par là une certaine flexibilité. «Il faut moduler, il y a des spécificités qu'il faut prendre en compte», a-t-il encore suggéré. Toujours au sujet des investissements étrangers, M. Amarni avoue que ces derniers ne créent pas de la plus value, bien au contraire. Ils sont ici pour transférer «la rente» (dividendes et devises) ce qui ne fait qu'aggraver la situation, a-t-il dit en substance, ajoutant que «les investisseurs étrangers doivent ramener les capitaux avec eux et ce n'est pas aux banques publiques de financer leurs projets, parfois à hauteur de 80% du coût». Cette situation est dommageable aussi bien pour l'économie nationale que pour les gisements des banques, fait remarquer. En somme, les experts ont tenu à souligner l'importance de ces «correctifs» qui sont venus mettre combler et mettre un terme aux failles et lacunes relevées dans le système économique. Les participants au forum d'El Moudjahid ont soulevé, par ailleurs, la question des investissements nationaux qui devraient avoir plus de considération. Des investissements nationaux ne peuvent voir le jour sans une politique de développement réfléchie et cohérente, conditionnent-ils. Au sujet des inquiétudes affichées récemment par certaines parties étrangères telles que les Allemands, les Français ou les Américains, les experts ont précisé que «le protectionnisme et le patriotisme économique ne sont pas propres à l'Algérie». Il s'agit là d'un phénomène qui a gagné toute la planète, la crise financière et économique oblige. Certains experts ont même cité des exemples des Etats-Unis qui ont fait l'impossible pour freiner Dubaï Ports, une entreprise émiratie qui a postulé pour la gestion de certains ports américains ou celui de la Chine, qui trouve des problèmes insurmontables pour pénétrer le marché américain. Par ailleurs, il y a lieu de relever qu'un avocat a tenu à mettre les points sur les i concernant un aspect juridique de ces mesures. Il estime ainsi qu'«une circulaire ne peut pas abroger une loi», faisant allusion à celle relative aux importateurs. Notre interlocuteur, qui affirme qu'il n'est pas contre les textes dans le fond, soulignera que ceci concerne la crédibilité de la législation de notre pays. S. B.