Photo : Riad Par Wafia Sifouane Le rideau du Théâtre national algérien s'est levé samedi dernier sur la troupe de la société Ikbal des arts dramatique d'Annaba venue concourir avec Ilat el Ghella. A cette occasion, le public habitué à la qualité des pièces de ce théâtre est venu nombreux. Mais il ne tarda pas à être désillusionné. Ils seront d'ailleurs nombreux à quitter la salle déçus par une flagrante absence d'éléments essentiels à la réussite d'une pièce. Ilat el ghella relate l'histoire de deux hommes venus assister aux funérailles de leur cousin décédé. Loin d'éprouver les moindres sentiments de peine ou de tristesse, les deux hommes, interprétés par Toufik Mimiche et Rouini Kamel, ne sont intéressés que par l'argent. Ils parlent de vie, de mort, d'idéologie et de l'Algérie, dans de longs discours ennuyeux et décousus. Ils sautent du coq à l'âne. De plus, on les entend à peine. Le public n'arrive plus à suivre. Il ne sait plus de quoi il retourne et il décroche. Les deux personnages parlent trop vite et le texte est incompréhensible. Pourtant, la pièce a remporté le 1er prix lors des éliminatoires du Festival du théâtre professionnel à Annaba. Sur scène, des chaises disposées çà et là, un long voile blanc est accroché représentant le linceul du défunt dont la photo est accrochée en haut. Les deux cousins n'ont qu'une seule idée en tête : l'héritage. Les deux hommes ont déjà accaparé les biens du défunts et se les ont partagés «dans leur tête». Ils font des plans, élaborent des projets et rêvent de la belle vie. Ils se voient dans les cabarets, distribuant l'argent à droite et à gauche. Dansant sur les rythmes des chansons raï en compagnie de belles créatures. L'opportunisme, et la cupidité à l'état brut. La fin de la pièce sera le coup de théâtre : le défunt n'a rien laissé à ces deux vampires. A certains moments, c'est à croire que les deux comédiens divaguent est changent de sujet sans aucune transition en jouant sur la patience du public. D'ailleurs, dix minutes après le début de la pièce, la moitié des présents ont rejoint les couloirs du TNA. Le rythme est cadencé, alliant les discours interminables à des notes bruyantes de chansons raï. Quant à la mise en scène, signée par Rouini Kamel, elle n'a pas charmé le public. Une mauvaise occupation de l'espace a été relevée par les moins connaisseurs tant elle était flagrante. Le texte d'El Arbi Boulbina a, quant à lui, manqué de souffle en s'attaquant à trop de questions et problématiques à la fois. En voulant trop faire, rien n'a été fait, ce qui a achevé le spectacle. On ne savait plus si l'œuvre se voulait moralisante, dénonciatrice ou simplement distrayante. Ainsi, la 4e édition du Festival du théâtre professionnel qui en est à sa 6ème représentation, n'a pas encore marqué de points. Mais l'espoir demeure. On veut croire que les prochaines pièces théâtrales pourraient redresser la barre. S'agissant des spectacles donnés en off, dont on attend aitqu'ils soient à la hauteur, ils ont, eux aussi, contribué à chasser le public des salles.