De notre correspondant à Constantine A. Lemili L'association Khroub Ville-Santé a organisé au centre culturel M'Hamed Lyazid une rencontre culturelle sur le patrimoine au cours de laquelle ses animateurs ont invité le Pr. A. Khelifa, éminent chercheur en archéologie. Voir une association plutôt spécialisée dans la santé dans un créneau qui pourrait être aux antipodes de ses activités ? A. Aberkane donnera en préambule la réponse : «Il vous semblera sans doute étonnant qu'une association comme la nôtre fasse de la culture un appendice à ses activités. C'est simple, il existe aussi une santé spirituelle et cela est quelque part son objectif.» Cette clarification faite, l'invité tiendra suspendue à ses lèvres une assistance littéralement harponnée par la qualité narrative de l'histoire de l'Algérie à travers les siècles accompagnée de diapositives. Une histoire du pays qu'il fera remonter à deux millions d'années, une telle certitude ayant été établie par la présence de vestiges (matériaux travaillés) par ce que l'historien qualifie «d'homo faber». M. Khelifa fera parler tous les monuments œuvres de l'homme et ceux relevant de la nature même de la création du monde et dont l'Algérie peut s'enorgueillir, notamment dans le Grand Sud, faisant défiler les sites naturels connus et dont une bonne partie est classée parmi le patrimoine de l'humanité.Il est vrai que regardés de plus près et avec une forme de recul, les graffitis immortalisés sur les parois de murs, au flanc des montagnes et sur divers rochers, ont un trait tellement parfait parce qu'obéissant à une extraordinaire régularité pour ne pas dire une méticulosité dans l'exercice de leur façonnage qu'ils sont dignes des plus grands artistes de notre époque. Bien entendu, si nos lointains ancêtres s'exerçaient à projeter leurs sentiments du moment ou à vouloir laisser une trace de leur présence, il n'en est pas de même de nos contemporains dont les actes de déprédation ont souvent défiguré de tels messages au moment où les organismes pouvant ou devant agir ès qualités pour la protection de ce patrimoine ne se font, certes, pas remarquer par une débauche d'énergie intellectuelle ou par la mise en place d'une batterie de mesures pour la protection de tels lieux et des vestiges incommensurables qu'ils recèlent. L'historien répétera sans désemparer que l'Algérie a une histoire et une histoire qui remonte à loin. Il dira que «l'Afrique du Nord était bel et bien habitée il y a des millions d'années et c'est à nous Algériens, Tunisiens, Libyens de l'écrire et non pas aux autres».