Photo : Sahel De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Dans certains pays, notamment occidentaux, n'importe quelle commune de quelques centaines d'habitants dispose d'une revue ou d'un magazine qui relate la vie de la commune et les actions et autres réalisations de la municipalité. Il en est de même pour les plus petites des associations qui trouvent toujours le moyen d'éditer une revue pour rendre publiques leurs activités et les partager avec leurs adhérents et la population concernée. En Algérie, ce n'est pas aussi simple pour des associations qui ne vivent que des maigres subventions de l'Etat. Parmi lesquelles plusieurs ne méritent même pas cette aide publique du moment qu'elles n'activent même pas de façon régulière, comparativement à d'autres associations qui ont prouvé leur action sur le terrain sans que les autorités daignent leur octroyer quelque aide que ce soit. Donc, il est difficile pour le mouvement associatif d'activer dans notre pays, principalement pour des raisons financières mais aussi pour une question de baisse d'engagement militant qui caractérisait les jeunes au début des années quatre-vingt-dix. Et cela s'applique même aux jeunes de la wilaya de Tizi Ouzou qui n'avaient pas hésité à se lancer dans l'aventure associative libérée par «l'ouverture» de 1989. Une situation qui fait que l'association culturelle dans cette wilaya arrive difficilement à faire le minimum sur le terrain avec les quelque 50 000 à 80 000 dinars alloués par les pouvoirs publics et avec la démission de la communauté à l'égand des associations culturelles. Et il est tout à fait naturel que les animateurs du mouvement associatif de Tizi Ouzou se sentent loin de certaines actions pourtant d'une grande importance, comme l'édition d'une revue de l'association qui jouerait le rôle de support à l'action associative et à celle de toute la communauté, notamment villageoise. «Une revue ? Mais au sein du mouvement associatif, c'est considéré comme un grand luxe», répond un animateur associatif sous de couvert de l'anonymat, rappelant que le tirage seulement coûtera pas moins de dix millions de centimes pour mille exemplaires, et ce, chez l'imprimeur. Et si l'on compte tout ce qu'il faut comme moyens pour la conception des différentes pages de la revue, l'abandon serait la seule option pour les membres des associations concernées qui ne disposent pas de tous ces moyens pour mener à bien cette entreprise. C'est dire que les animateurs associatifs préfèrent consacrer leurs petits moyens aux activités culturelles sur le terrain. Sinon, ils n'auront aucune activité à signaler dans le cas où ils mettraient le peu de finances disponibles dans l'édition d'une revue. Un produit de luxe pour des groupes d'amis ou de voisins qui ont décidé un jour de se lancer dans l'aventure associative à la faveur de la loi régissant les associations promulguée en 1990. Et cela leur fait d'autant plus mal qu'ils voient des gens qui n'ont rien à voir avec la culture et la vie associative se permettre le «luxe» de revues parfois inutiles. Il existe également ce paramètre de désengagement qui a touché de nombreux animateurs du mouvement associatif et la communauté dont ils sont issus, notamment ceux qui ont déjà eu la possibilité de créer des revues et autres magazines durant la décennie quatre-vingt-dix. A l'époque, les jeunes membres associatifs allaient jusqu'à vendre leurs produits à la criée dans les villages où justement les habitants se prêtaient volontiers au «jeu» de la vie associative par souci d'aide et de contribution. Aujourd'hui, la crise économique et sociale aidant, même ces citoyens ne se permettent plus de débourser 100 à 150 dinars pour une revue, quelle que soit la richesse de son contenu. Surtout que les quelques opérateurs économiques activant dans la région n'ont pas encore acquis cette culture de marketing et de management qui les mènerait vers des opérations de sponsoring bénéfiques et pour eux et pour leur société.