De notre correspondant à Annaba M. Rahmani Les détenus du centre pénitentiaire de Bouzaaroura, cette autre catégorie de la population, quelque peu marginalisée et oubliée, est, elle aussi, concernée par les examens du baccalauréat et y participe avec des candidats tout aussi sérieux et pleins d'espoir. Ainsi, pas moins de 52 parmi ces derniers, venus des wilayas limitrophes, Souk-Ahras, Guelma, Tébessa, El Tarf et Jijel ont subi les épreuves et comptent ainsi forcer les portes de l'université et changer leur avenir. Les examens se sont déroulés dans de bonnes conditions sous l'œil attentif des surveillants détachés par la direction de l'éducation. Il n'y a, selon un des responsables chargés de superviser le déroulement des examens, aucune différence entre les candidats scolarisés, libres ou ceux détenus qui passent leurs épreuves dans de bonnes conditions. La surveillance est effective et rien n'est laissé au hasard. Les détenus utilisent les mêmes copies, les mêmes sujets d'examen et la correction se fera le plus normalement au monde. Ceux qui auront réussi à décrocher le baccalauréat, qui leur permettra de poursuivre des études, auront la chance de pouvoir obtenir un diplôme supérieur. «Ceci est une bonne chose», nous confie un détenu qui espère obtenir une grâce présidentielle s'il décroche son baccalauréat. «Cela me permettra de mieux m'intégrer au sein de la société ; avoir un diplôme avec lequel je pourrais obtenir un travail et ainsi devenir utile à quelque chose. Il est vrai que j'ai fauté, je suis en train de payer ma dette et je fais de mon mieux pour ma réintégration.» L'autorisation accordée aux détenus de passer les différents examens a été fortement encouragée par le ministère de la Justice qui a adopté une nouvelle politique visant à la réinsertion des détenus par l'instruction et le travail ; ceux-ci, munis de diplômes et de qualifications obtenues durant leur période de détention, pourront, une fois remis en liberté, trouver facilement un emploi, gagner honnêtement leur vie et devenir de bons citoyens. L'année passée, plus d'une dizaine de détenus ont pu décrocher le baccalauréat et une fête leur a été organisée et avait créé une ambiance particulière, ce qui a encouragé d'autres à s'inscrire pour passer ces épreuves et peut-être réussir.