Des marins pêcheurs accusent la Chambre algérienne de la pêche et de l'aquaculture de s'éloigner quelque peu de sa mission. Ils en ont pour preuve le manque d'empressement qu'affiche cette dernière à prendre en charge leurs doléances ou, du moins, les soutenir en ces temps «de vaches maigres de par les répétitives sorties en mer non fructueuses», font-ils savoir. Une dizaine d'entre eux, venus de différents ports de pêche du pays, étaient présents, hier, à la conférence-débat animée par Allilouche Mohamed et Tewfik Rahmani, respectivement président et directeur général de la Chambre nationale de la pêche et de l'aquaculture (CNPA), au centre de presse d'El Moudjahid. Les marins pêcheurs ont réussi à transmettre le message en énumérant les difficultés rencontrées dans l'exercice de leur profession en dépit des tentatives de remise à l'ordre par les représentants de la chambre. En revanche, le numéro 1 de la CNPA, M Allilouche, a eu du mal à convaincre les journalistes présents sur les causes de la cherté du poisson sur le marché. Il répétera d'ailleurs souvent : «Cette année, les conditions météorologiques ne nous ont été pas du tout favorables et, pis encore, elles sont inscrites dans la durée. Nous nous privons ainsi et pendant des semaines de sortie en mer». Des arguments qui seront par ailleurs appuyés par le directeur de la chambre qui, à son tour, précisera : «Les courants froids à répétition sont à l'origine de la fuite du poisson bleu, notamment la sardine, de nos côtes». A propos du constat qu'avec 1 200 km de côtes, la production halieutique nationale reste très inférieure à la demande, rappelé par une consoeur à l'adresse du responsable de la chambre, ce dernier répliquera avec insistance : «Notre plateau continental est très accidenté, ce qui rend les espaces de pêche pélagique réduits, particulièrement à l'est du pays. La pêche se pratique à des profondeurs ne dépassant les 200 m, ce qui n'est pas le cas sur des centaines de kilomètres de nos côtes où le plateau continental est pratiquement inexistant». Rahmani a également tenu à rappeler que la masse pélagique que l'on peut pêcher annuellement est estimée à 220 000 tonnes et de préciser en outre : «Nous sommes arrivés à pêcher ces dernières années l'équivalent de 190 000 tonnes». Après un petit calcul d'épicier on peut déduire que nous sommes proches du plafond des quantités possibles. C'est bien là une éventualité qu'il faudra vite prendre en considération si l'on veut continuer à consommer du poisson à bas prix et en quantité. L'alternative viendrait donc, selon les invités du forum d'El moudjahid de développer l'aquaculture, aussi bien continentale qu'en eau de mer. «Des expériences dans ce domaine ont commencé à donner des résultats mais ils restent à vulgariser cette activité et de convaincre les consommateurs que le poisson cultivé est d'une saveur tout à fait égale à celui pêché en haute mer ou dans les retenues», a lancé Allilouche. Rappelons enfin que le président de la Chambre nationale de la pêche et de l'aquaculture a annoncé que le projet de création d'une mutuelle pour les gens de la mer bute pour l'instant sur l'impossibilité de pouvoir réunis les 5 milliards de DA de capital social comme l'exige la réglementation. On peut croire qu'au sein du secteur, l'acte de cotiser dans l'intérêt des acteurs ne semble pas faire l'unanimité. Seule satisfaction, le projet de création d'une association nationale d'armateurs de bateaux tient la route Z. A.