à peine l'élection présidentielle terminée, Louisa Hanoune veut reprendre ses parfums d'opposante. Au cours d'une longue conférence de presse animée hier au siège de son parti, à Alger, la secrétaire générale du PT a émis beaucoup de doutes sur la conduite des affaires de l'Etat.«Nous sommes dans une situation des plus étranges. Il n'y a pas de communication institutionnelle et il n'y a pas de lisibilité sur le plan politique. A quoi sert ce silence ?» s'est-elle interrogée avant de poursuivre que «le climat est tendu, lourd et étrange. On dirait qu'il est annonciateur de quelque chose». Pis, a-t-elle indiqué, «cette absence de communication, qui ouvre la porte à toutes les spéculations, est à l'origine même du désespoir des jeunes qui ne voient pas de perspectives». La conférencière a dit son étonnement puisque, a-t-elle indiqué, cela se passe au moment «où d'importantes décisions ont été annoncées».La parenthèse étant fermée, Louisa Hanoune revient sur ce qu'elle qualifie de «décisions extrêmement importantes, à l'image de la récupération par Sonatrach de ses filiales dans le raffinage». Toujours dans le chapitre politique, la pasionaria du PT a refusé de commenter la perspective d'une amnistie générale. «Nous avons pour habitude de commenter les textes. Mais jusque-là, il ne s'agit que de spéculations», a-t-elle répondu, tout en se s'interrogeant sur la position du chef de l'Etat. «Au début de sa campagne, le président de la République a dit qu'il était contre l'amnistie générale. Il a changé de position par la suite. Nous ne comprenons pas cette position», a-t-elle commenté avec un brin d'étonnement avant de rappeler ses positions. «Nous demandons l'indemnisation de toutes les victimes. A commencer par les militaires du service national et les commerçants», a-t-elle suggéré tout en réitérant sa demande de «régler les dossiers des disparus, tous les disparus».Et comme d'habitude, Louisa Hanoune ne s'est pas empêchée de lancer des flèches contre Abdelhamid Temmar, ministre de l'Industrie. Elle s'est étonnée de ce qu'elle qualifie de revirement du ministre, mais elle lui demande d'aller «jusqu'au bout de sa logique». «Comment se fait-il qu'il parle de secteurs stratégiques, lui qui veut privatiser SNVI. Aucune entreprise ne doit être fermée», dit-elle. Selon elle, ce qu'a fait Temmar dans le secteur du ciment est «inacceptable». «Ce n'est pas sérieux qu'un ministre de la République parle comme ça», faisant allusion à la déclaration du ministre de l'Industrie portant sur l'importation d'un million de tonnes de ciment pour faire face à la spéculation. «Il n'y a pas d'Etat ou quoi ?» peste Louisa Hanoune qui dit ne pas comprendre que «l'Etat possède 65% d'actions dans la cimenterie de Meftah, mais ne dispose d'aucun responsable au sein du conseil d'administration». Toujours dans ce registre de partenariat avec les étrangers (qu'elle qualifie de pseudo- investisseurs), Mme Hanoune s'en est prise à la société de gestion Aéroports de Paris qui gère l'aéroport international d'Alger. «C'est du pillage pur et dur», s'est-elle emportée, affirmant que l'entreprise française «n'a formé aucun Algérien et se contente de prendre l'argent de l'Etat algérien alors que l'entreprise mère est en difficulté». Ce dossier, a-t-elle indiqué, constitue «la bataille à venir», puisqu'une pétition «pour une véritable immunité pour l'Etat algérien» est en cours. Sur le plan interne, Louisa Hanoune a indiqué que, pour mieux gérer les structures du parti, cinq pôles régionaux vont être créés. A. B.