Pour faire face à la croissance des accidents de la route, le ministre des Transports vient d'annoncer un texte du projet d'amendement du code de la route qui sera soumis au Parlement avant la fin de cette année. Très dissuasive dans son esprit, la mouture du texte prévoit la création de sections spécialisées au niveau des tribunaux en vue d'examiner, de manière rapide, les affaires portant sur des accidents de la circulation. Des sanctions sont aussi promises à l'encontre des mauvais chauffeurs. Les moniteurs d'auto-écoles et les ingénieurs des examens, coupables d'avoir attribué des permis de conduire à des candidats qui ne les méritaient pas, ne seront pas épargnés par cette batterie de sanctions. Ce n'est pas la première fois que la tutelle promet une nouvelle réglementation du code de la route. A chaque fois que des accidents de la route défraient la chronique, le département des Transports se voit obligé de réagir en promettant une législation très sévère de façon à rétablir un minimum de respect du code de la route. Le projet est resté longtemps au stade des intentions pendant que le terrorisme routier continue de faire quotidiennement de nouvelles victimes sur nos routes. Le renforcement des mesures de contrôle est-il en mesure de générer le résultat souhaité par les responsables et les citoyens ? Il serait maladroit de croire qu'une nouvelle réglementation puisse réhabiliter le respect de l'ordre dans un pays où les individus sont plus tentés par la transgression et la violation des lois que par son respect. Le nombre croissant des accidents de la route traduit incontestablement plus qu'un autre fait le rapport qui existe entre l'Algérien et les textes régissant sa vie de tous les jours. Tous le monde en convient à dire que l'écrasante majorité des Algériens ne se soucie guère des lois à tel point que l'automobiliste qui fait preuve du respect du code de la route est désigné comme un «égaré» par ceux qui viennent derrière lui. Ce schéma renseigne manifestement sur un fait troublant : ils ne sont pas nombreux les conducteurs algériens à afficher une disponibilité à se conformer avec le code de la route comme ils ne sont que très minoritaires les citoyens soucieux du respect des lois de la Cité quels que soient leurs impacts. La nouvelle réglementation promise par le ministre des Transports risque de s'avérer sans effet sur le comportement violent, agressif et inflexible des conducteurs. Espérer donc une sécurité routière sans un comportement citoyen à tous les niveaux équivaudrait à mettre un cautère sur une jambe de bois. Les textes amendés finissent très rarement par faire changer le comportement des gens surtout lorsque le respect des règles est relégué à l'échelle des valeurs citoyennes. A. Y.