L'historien français et militant anticolonial Henri Pouillot vient de saisir la préfète des Yvelines pour lui demander d'interdire l'hommage qui sera rendu en juillet prochain au chef des sinistres commandos Delta de l'OAS, Roger Degueldre. «Il n'est pas admissible qu'une manifestation publique puisse ‘‘honorer'' la mémoire d'un tueur, d'un terroriste multirécidiviste, membre d'une organisation séditieuse», écrit l'historien dans une correspondance adressée à la préfète dont une copie a été transmise à l'APS. Henri Pouillot souligne que cette manifestation est «le fait d'anciens activistes de l'OAS et de nostalgiques revanchards de ‘‘l'Algérie française'' qui entendent, par un défilé de type militaire et des discours prononcés devant sa tombe, célébrer la gloire de leur chef, à l'occasion de l'anniversaire de son exécution, le 6 juillet 1962». Dressant le parcours sanglant de Roger Delgueldre, l'historien a rappelé que celui-ci «avait à répondre devant la Cour militaire de justice de plusieurs dizaines d'assassinats dont il avait conçu le projet». Il a cité, entre autres crimes, «le massacre collectif perpétré le 15 mars 1962, contre six inspecteurs des centres sociaux éducatifs» parmi lesquels l'écrivain et enseignant algérien Mouloud Feraoun, l'assassinat du maire d'Evian pour avoir aidé à l'organisation des négociations qui ont abouti au cessez-le-feu le 19 mars 1962 et à l'organisation du référendum sur l'indépendance nationale. Henri Pouillot a également signalé que la sinistre organisation criminelle a été derrière le putsch d'avril 1961 visant à renverser la 5e République et attenté deux fois à la vie du général de Gaulle. «Ne pas s'opposer à une manifestation apologétique de crimes pourrait être regardé comme attentatoire aux principes et valeurs de la République et serait de nature à contribuer, d'une certaine mesure, au développement de ces pratiques que nous dénonçons, inspirées par des comportements racistes ou xénophobes, et consistant en la profanation de stèles et lieux de mémoire hautement symboliques», a estimé l'historien. Henri Pouillot, connu entre autres pour son combat contre les agissements des activistes de l'OAS, a échappé à deux reprises à des attentats qui le visaient et perpétrés par des commandos de cette organisation criminelle. Dans son ouvrage, la Villa Susini, il a dénoncé la pratique de la torture par l'armée française durant la guerre de libération nationale. APS