Photo : Riad Par Salah Benreguia Le marché du froid et de la climatisation a connu un engouement considérable ces derniers temps en Algérie. Les changements climatiques, l'amélioration du pouvoir d'achat, mais aussi, même d'une manière indirecte, le programme présidentiel d'un million de logements figurent, entre autres, parmi les facteurs ayant contribué à l'explosion de ce marché, pratiquement ignoré avant les années 90. Les spécialistes en la matière s'accordent à dire que, ces dernières années, les Algériens sont de plus en plus enclins à utiliser les appareils de froid et de climatisation, aussi bien dans leurs foyers que dans leur milieu professionnel. En effet, qui, parmi nous, n'a pas eu recours à un climatiseur pour se mettre à l'abri de torrides chaleurs, notamment durant l'été ? Qui, parmi les grossistes ou les commerçants spécialisés en alimentation générale, n'utilise pas une chaîne du froid pour protéger sa marchandise ? Les réponses à ces questions, au demeurant classiques, sont loin d'être négatives eu égard au nombre de citoyens utilisant la climatisation, ainsi que des appareils frigorifiques dans leurs points de vente. Idem pour la quasi-totalité des administrations et les institutions qui offrent à leurs personnels ce genre d'outillage de confort. Comme revers de la médaille, ce marché est entaché des pratiques de la contrefaçon, ce phénomène qui gangrène, vraisemblablement, la majorité des secteurs économiques. Allant plus loin, les vendeurs, ou les maquignons, n'ont guère laissé ce secteur «tranquille», en engrangeant, au détriment de l'économie nationale, des sommes colossales, rien qu'en vendant des quantités énormes sur le marché parallèle, nommément appelé «marché noir». Sur ce point, la responsabilité des uns et des autres est à mettre à l'index pour rétablir dans les normes un secteur dont le volume des ventes va crescendo. Un marché qui s'impose de plus en plus «Le marché du froid et de la climatisation est devenu au fil des ans obligatoire et indispensable», nous a déclaré d'emblée un responsable d'une grande enseigne spécialisée dans ce domaine. Et pour cause, l'Algérien, qui devient de plus en plus exigeant en termes de confort, a recours à ces outils (cas des climatiseurs) même s'il doit hypothéquer les jours d'après. «Notre pays connaît actuellement un boom économique. Avec un pouvoir d'achat relativement conséquent, les citoyens peuvent s'offrir ces moyens, d'autant que ces appareils ne sont pas vraiment chers», ajoute notre interlocuteur. Quid du secteur du froid ? Sur ce dernier point, notre source a mis en exergue la nécessité, voire l'obligation d'avoir un matériel frigorifique qui devient désormais un outil indispensable dans le travail. «S'agissant des professionnels, l'utilisation de ces moyens devient une obligation au vu de l'utilité de ces moyens. Actuellement, il est impensable de voir un commerçant ou un dépositaire sans une chaîne frigorifique», ajoute-t-il. A la question de connaître la part du marché de ce secteur sur l'ensemble des appareils électroménagers, notre source s'est contentée de dire que ce dernier a connu une augmentation considérable ces derniers temps, pouvant même osciller entre 30 et 40%. Par ailleurs, notre source tient à évoquer le volet ayant trait à la concurrence. En effet, il nous a signalé qu'en plus des grandes enseignes qui ne lésinent pas sur les moyens pour accaparer de plus en plus de parts de marché, des «petites» boîtes et des fabricants se jettent à pieds joints dans cette guéguerre, faisant ainsi le bonheur des consommateurs. «Il existe à présent une vingtaine de marques sur le marché. La concurrence est très rude. De ce fait, on essaye d'attirer d'éventuels clients à travers plusieurs campagnes, entre autres, les promotions. Mais les plus connues demeurent incontestablement Condor, Samsung, Frigor, Eniem, Cristor et Cobra», explique ce responsable. La contrefaçon, un phénomène qui «refroidit» l'activité En plus du marché parallèle, la contrefaçon a également touché les produits de climatisation et frigorifique, même dans le formel. Un phénomène qui prend de l'ampleur, au point que les investisseurs dans ce secteur tirent à chaque occasion la sonnette d'alarme. Les produits contrefaits et d'imitation de marques connues se vendent, en effet, au vu et au su de tout le monde. «Le plus grand problème rencontré a trait à la contrefaçon. C'est une concurrence déloyale, et la part de marché dans ce cas diminue d'une manière significative», explique notre interlocuteur. Quel est le volume de pertes causées par ces pratiques ? Sur ce point, en faisant savoir que celles-ci sont relatives et propres à chaque entreprise, elles se situent entre 20 et 30%. Les marchés et les endroits de vente se sont spécialisés dans cette pratique. A Alger, le marché Dubai (Bab Ezzouar) et surtout celui du Hamiz sont des lieux où les produits contrefaits se vendent à la pelle. Paradoxalement, nous précise un vendeur, concernant les produits électroménagers, les clients mettent souvent en exergue le critère prix au détriment de la qualité ou de l'authenticité. «Qu'il s'agisse d'un produit contrefait ou original, une bonne partie de nos clients sont le plus souvent attirés par les prix des produits les plus bas», souligne Karim, vendeur dans un magasin à El Hamiz. «Certains produits contrefaits imitent les originaux à la perfection, à tel point que le client n'arrive pas à distinguer le vrai du faux», ajoute-t-il encore. Dans ce sillage, ce vendeur tient à faire savoir que les produits contrefaits proviennent de plusieurs destinations, entre autres de quelques «fabriques de montage clandestines», ainsi que les produits venant notamment d'Asie. «On essaye de vendre tout ce qui est en notre possession. Mais on prévient souvent nos clients de l'état d'une telle marchandise», tente-t-il de se justifier. Sur un autre chapitre, les vendeurs interrogés à El Hamiz ou à Dubai ont, à l'unanimité, fait savoir que l'été, une saison connue pour ses vagues de chaleur, est toujours considéré comme une période propice pour augmenter leurs volumes de ventes et doubler ainsi leur chiffre d'affaires.