Si les ministres arabes de l'Eau discutent à Alger d'une stratégie commune pour la gestion de cet élément vital qu'est l'eau, et des moyens devant leur permettre de préserver les ressources hydriques spoliées et monopolisées par Israël, parce que justement les Arabes sont dispersés dans une région qui manque d'eau, l'Afrique, en revanche, est riche en eau mais paradoxalement, est au cœur de la problématique de l'eau. Ce continent, en effet, dispose d'un immense potentiel hydrique mais qui est très mal réparti et très mal géré. D'où le manque cruel d'eau dans beaucoup de régions africaines, y compris dans certaines zones humides. Cette situation génère des crises alimentaires à grande échelle en plus des maladies liées à l'abondance et au manque d'eau. C'est pourquoi, le thème majeur de la 13ème session ordinaire de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine prévue à Syrte (Libye) du 1er au 3 juillet prochain, portera sur l'investissement dans l'agriculture et la sécurité alimentaire. «Investir dans l'agriculture pour la croissance économique et la sécurité alimentaire» est l'intitulé du thème qui sera débattu lors de ce sommet auquel prendra part le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, l'objectif étant d'accélérer la croissance par la promotion du développement agricole afin d'éradiquer la faim, réduire la pauvreté et l'insécurité alimentaire et augmenter les opportunités sur les marchés d'exportation, a-t-on indiqué auprès de l'UA. En Afrique, plus de 80% de la population vit de l'agriculture, d'où la nécessité de revoir les modalités de financement de ce secteur pour le rendre plus productif et moderniser l'industrie agroalimentaire. A l'UA, on a qualifié cette situation de «paradoxale» dans la mesure où l'Afrique dispose de potentialités en la matière, à savoir les terres et l'eau, mais il manque au continent des stratégies et des moyens comme la mécanisation de l'agriculture et les infrastructures pour l'exploitation de l'eau. En ce sens, une note de l'UA fait ressortir que les crises «aiguës» qui secouent le monde touchent fortement la sécurité alimentaire mondiale et, de ce fait, les Etats membres de l'UA doivent prendre en compte ces défis et mettre en valeur les ressources en eau, la flore et la faune africaines, est-il mentionné. Il a été également constaté que l'agriculture en Afrique ne bénéficie pas d'assez d'investissements, recommandant ainsi la «nécessité» de la mise en œuvre du Programme détaillé du développement de l'agriculture en Afrique (PDDAA). Souvent, des conflits éclatent entre pays africains à cause de l'eau ou des situations générées par la famine qui contraint des populations entières à la transhumance et l'établissement dans des pays tiers. L'Afrique est pauvre malgré sa richesse et c'est l'inversement de cette équation paradoxale qui est le défi de l'Union africaine. A. G.