L'Italie est le pays européen le mieux préparé à une éventuelle crise gazière entre la Russie et l'Ukraine. C'est ce qu'a déclaré le ministre italien du Développement économique Claudio Scajola. L'Italie pourra penser à la prochaine période hivernale avec plus de sérénité que les autres pays d'Europe «grâce notamment à sa coopération avec l'Algérie», a-t-il dit. Et, selon lui, la coopération avec l'Algérie a permis à l'Italie de «constituer des réserves de gaz suffisantes» lui permettant de faire face à la situation en cas de nouveau conflit gazier entre la Russie et l'Ukraine par laquelle transite quatre-vingt pour cent du gaz russe destiné aux marchés de l'Union européenne. Claudio Scajola sait de quoi il parle, le conflit entre Moscou et Kiev au sujet des dettes de la compagnie ukrainienne Nafotgaz envers le géant gazier Gazprom pouvant refaire surface à tout moment. Explications : depuis la conclusion de l'accord qui avait mis fin au dernier conflit gazier russo-ukrainien, Kiev a payé régulièrement et intégralement ses factures gazières, cependant Moscou ne cesse de mettre en doute la capacité de l'Ukraine à régler ses achats de gaz. Le patron du géant gazier russe Gazprom, Alexeï Miller, avait de nouveau mis en garde vendredi dernier contre l'incapacité de Naftogaz à régler ses achats et appelé une nouvelle fois l'Union européenne et les institutions financières internationales à aider l'Ukraine en lui accordant un crédit, seul moyen, selon lui, d'éviter une nouvelle crise. L'Ukraine, qui reconnaît faire face à des difficultés financières, cherche à obtenir un crédit de 4,2 milliards de dollars pour financer ses achats de gaz destiné aussi bien à sa consommation domestique qu'à maintenir la pression nécessaire dans ses gazoducs pour le transit du gaz vers l'Europe. Aujourd'hui, l'Italie est alimentée, en partie, en gaz algérien. Elle l'est par le biais d'Enrico Mattei, un gazoduc construit dans les années quatre-vingt. Il y a quelques mois, l'Algérie et l'Italie avaient décidé d'augmenter les capacités de ce tube de sept milliards de mètres cubes par an. L'extension devra se faire en deux phases. Elle interviendra avant la fin de l'année en cours. Enrico Mattei va ainsi fonctionner à plein régime, son volume sera porté à trente-quatre milliards de mètres cubes par an. La décision a été discutée fin mai dernier à Alger, entre Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, et Claudio Scajola, en visite en Algérie. Le Galsi, un gazoduc devant acheminer, lui, du gaz algérien vers l'Italie et qui passera par la Sardaigne, a également fait l'objet de discussions à la faveur de cette visite. Toutes les études qui s'y rapportent ont été terminées et les travaux devront commencer en 2010. Le Galsi, c'est huit milliards de mètres cubes par an. Enrico Mattei étendu et le Galsi mis en service, le volume de gaz algérien exporté vers l'Italie s'établira à quarante-deux milliards de mètres cubes par an. Les deux tubes sont présentés comme importants en Italie et en Europe. Il est d'ailleurs question que le Galsi soit étendu à la Corse, à la demande de la France. Vingt-neuf organisations appartenant à cette région prônent l'idée du raccordement de la Corse au gaz naturel via le Galsi. Elles sont convaincues qu'il y a urgence à faire accélérer les choses. Car si l'île venait à rater le train en marche, elle perdrait une chance historique d'adhérer à ce projet qui offre de sérieux atouts notamment en termes de santé publique et d'économie. Y. S.