De notre correspondant à Constantine A. Lemili Dans l'édition de jeudi dernier, nous avions fait état du déraillement d'un train de marchandises à l'entrée de la ville du Khroub. Dans l'article en question, nous évoquions également les difficultés que nous avions rencontrées sur place face au personnel dépêché par la SNTF, manquant dans la foulée de voir notre appareil photo saisi, et l'interdiction de nous rapprocher des lieux de l'incident qui pouvaient toutefois être accessibles de partout et c'est ce que faisaient les badauds, sauf qu'en ce qui nous concerne nous avions trop vite décliné notre identité professionnelle. Sur le coup, nous avions conclu à un déraillement en raison de la vision qu'offraient les nombreux wagons étalés sur le ballast. Toutefois en cours d'après-midi, les langues se délieront, certains agents, dont des conducteurs expérimentés, parleront de dérive. Ce qui, dans le jargon des cheminots, signifie tout simplement que le convoi était devenu fou, c'est-à-dire non maîtrisable en raison de l'absence de freinage dans la voiture de traction et le reste de l'attelage. Cette version nous sera confirmée par un cadre technique de la SNTF qui poussera l'explication encore plus loin, laissant entendre par voie de conséquence qu'il reste maintenant «à déterminer s'il s'agit d'une négligence ou d'un acte de malveillance» en ce sens que «pour la traction d'un tel convoi, voire de n'importe quel convoi, la vérification du système de freinage est impérative avant tout mouvement. Nous n'entrerons pas dans les détails techniques mais il est clair que les boyaux étaient vides, sinon mal remplis». Pour notre interlocuteur, «la sortie de la gare du Khroub vers Constantine est connue de tous comme étant marquée par une sensible trajectoire déclinatoire, laquelle imprime de fait une forte vitesse au convoi. Un trajet, comme nous le soulignions auparavant, connu des cheminots qui prenaient à chaque fois leurs précautions. Preuve en est qu'il n'y a jamais eu de problème à ce niveau du parcours d'autant plus qu'il y a un passage à niveau très dangereux parce qu'il dessert la route nationale vers la nouvelle ville. Les bouchons à hauteur de ce passage à niveau se passent de commentaires. Ils sont d'ailleurs la hantise des automobilistes qui, pour des raisons professionnelles surtout, l'empruntent régulièrement». Toutes nos tentatives d'approche des responsables de la direction régionale se sont révélées vaines. Autant déplacement sur place qu'appels téléphoniques. Pour la secrétaire de direction, «seule la cellule de communication de la direction régionale est habilitée à prendre langue avec les médias». Qu'à cela ne tienne, sauf que, à la cellule de communication jointe à plusieurs reprises au cours des journées de samedi et dimanche, personne ne détient l'information et notre interlocutrice au téléphone s'évertuant à chaque fois à nous demander nos coordonnées pour un rappel qui n'aura pas lieu… évidemment. A la suite de l'incident, la voie n'a été dégagée définitivement qu'hier quoique ce déraillement ait eu lieu sur une double voie qui a quand même permis apparemment la seule circulation très réduite du train de banlieue.