Le conflit qui oppose la direction de l'Entreprise portuaire d'Alger aux travailleurs grévistes est parti pour durer plus longtemps. Au moment où les travailleurs maintiennent la contestation avec l'espoir d'ouvrir la page des négociations, les responsables de l'établissement préfèrent manifestement «ignorer les revendications des ouvriers». La preuve : les négociations n'ont pas été encore entamées au moment où le mouvement de contestation aborde désormais sa seconde semaine. Les travailleurs grévistes, qui misaient beaucoup sur la journée d'hier pour aplanir le différend, «ont été abandonnés devant le siège de la direction». «Nous attendons depuis la matinée pour être reçus par les responsables de l'entreprise. Mais, apparemment, il n'y a aucune volonté de leur part pour discuter de nos problèmes. Sincèrement, nous ne savons plus quoi faire. Les travailleurs grévistes sont très inquiets pour leur avenir devant les menaces de licenciement», estime un des travailleurs. «On nous a signifié que le premier responsable est absent et que nous devrons attendre», ajoute la même source. Aux dernières nouvelles, on fait état d'une tentative de médiation que devrait mener la coordination des syndicats des ports. Mais en attendant que la phase des négociations s'ouvre afin de mettre fin à ce débrayage, les travailleurs du port d'Alger vivent une situation très préoccupante. «La situation a trop duré», s'accordent à dire les 300 ouvriers menacés de licenciement. Le conflit qui marque les rapports des travailleurs du port d'Alger avec la direction de l'entreprise est loin d'être banal. C'est le sort de centaines de travailleurs qui est en jeu. Le scénario de licenciement qui menace plus que jamais ces travailleurs n'était pas à l'ordre du jour il y a quelques mois si l'on se fie aux déclarations de la tutelle. A une question posée par l'hebdomadaire financier panafricain les Afriques, au mois de mars dernier, sur le risque de licenciement qui faisait peur à la coordination syndicale des ports d'Alger, le président-directeur général de l'entreprise portuaire d'Alger, M. Abdelhaq Bourouai, a eu cette réponse : «Nous devons, EPAL, fournir à Djazaïr PW 660 travailleurs dès la première année. Je ne suis pas certain d'avoir tous les profils recherchés. En fait, le terminal va devoir recruter. Maintenant, il faut bien voir que, sur la durée des 30 ans, les effectifs baissent avec la montée des rendements. En 1982, au moment de la naissance de l'EPAL, nous étions 7 000 travailleurs pour traiter environ 4 millions tonnes de marchandises par an. En 2008, nous traitons plus de 6 millions de tonnes, et nous ne sommes plus que 3 500 travailleurs. Mais jamais il y a eu de licenciement. Les départs ne sont pas toujours remplacés. La réduction d'effectif est un processus naturel de la modernisation des équipements et de l'organisation.» Avant d'ajouter que «Dubai Port World se chargera de la mise à niveau. Le niveau de compétence du travailleur portuaire va s'élever.» A. Y.