Photo : Riad Par Amirouche Yazid La saison footballistique 2009-2010 sera incontestablement marquée techniquement par deux faits que la fédération a voulu introduire dans sa quête d'élever le niveau du Championnat national. Il s'agit de la restriction faite aux joueurs étrangers et de l'obligation d'aligner deux juniors du début jusqu'à la fin de chaque rencontre. Les présidents de club feignent d'oublier ces mesures comme l'attestent les recrutements qu'ils sont en train de mener à un mois du coup d'envoi du nouvel exercice. Mais du côté des techniciens, ils commencent d'ores et déjà à sentir l'épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Dès que le cycle de préparation est entamé, ils s'imaginent la composante de leur équipe. La nécessité d'intégrer deux joueurs juniors dans le onze rentrant ne fait qu'augmenter leurs soucis. Ils ont décidément bien des raisons de s'inquiéter devant ce dilemme : respecter la nouvelle réglementation et ne pas subir son revers directement lié aux résultats techniques qu'enregistrera l'équipe. S'il est vrai que les juniors connaissent un taux de déperdition élevé dès qu'ils atteignent l'âge d'évoluer en équipe première, il ne faudrait pas perdre de vue qu'une telle mesure risque de s'avérer improductive. Car il ne suffit pas de lancer des éléments dans la compétition sous l'impulsion d'une loi. Autrement dit, le joueur junior, qui fait preuve d'un niveau technique et physique élevé, n'a pas besoin d'un coup de pouce juridique. L'injonction de la Fédération algérienne de football risque manifestement d'engendrer un cycle d'instabilité durable. Personne n'ignore l'incapacité de nos équipes à garder un entraîneur plus de quelques mois. Les entraîneurs quittent leurs postes dès que les résultats techniques ne suivent pas. Aujourd'hui, les boucs émissaires de la discipline se verront exposés davantage à la pression du résultat immédiat. Le paradoxe réside à ce niveau : on veut cueillir le fruit de la formation sans qu'il y ait de réelle formation. Il ne suffit donc pas d'intégrer des jeunes joueurs dans l'équipe fanion pour croire à l'introduction d'un système de formation. Vue sous un autre angle, la nouvelle mesure peut servir de baromètre d'évaluation de ce qui se fait dans nos clubs chez les petites catégories. Si des éléments juniors arrivent à tirer leur épingle du jeu dès les premières apparitions, la mesure sera applaudie. Dans le cas contraire, c'est-à-dire si la promotion de ces jeunes s'avère inopportune, les clubs se mettront certainement à contester la mesure. L'effet de cette mesure est à lier à celui de la limitation des joueurs étrangers : les clubs n'ont plus le droit d'aligner plus d'un joueur «étranger» dans le onze rentrant. La finalité de la décision est de libérer le champ au profit des footballeurs algériens, qui, semble-t-il, ont été marginalisés. La mesure vaut par l'impact qu'elle provoque. A ce titre, la saison footballistique qui débutera le 6 août prochain permettra de vérifier si nos clubs sont en mesure de maintenir un minimum de niveau sans compter sur l'apport de ces éléments. L'évolution sera certainement constatée aussi bien au niveau international que national dans la mesure où, pour faire le poids dans les compétitions régionales, nos équipes ont un grand besoin de joueurs de ce genre. Il est difficile d'imaginer désormais l'Entente de Sétif tenir son rôle de favori de la Coupe de la CAF ou de la Ligue arabe sans la présence dans son effectif d'un élément de la trempe de Keita ou d'Adiko. Cela est aussi valable pour la JS Kabylie, qui aura certainement du mal à conquérir une compétition africaine sans une perle noire, à l'image d'un Omar Dabo, l'attaquant le plus efficace qui a transité par notre championnat. Les conséquences de cette mesure seront aussi assumées par les techniciens qui demandent des éléments de valeur pour pouvoir réaliser les objectifs du club. Sur le plan national, l'impact ne manquera pas dans la mesure où la présence de certains joueurs venus de pays d'Afrique aura incontestablement permis de hisser le niveau. Une chose est sûre : la saison 2009-2010 sera angoissante pour les entraîneurs.