De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati «Le seul langage qu'ils comprennent est celui des pneus enflammés et de routes barricadées». C'est ce que disaient hier les jeunes habitants de la cité «Bâtiment bleu», située au cœur de la ville de Tizi Ouzou, à quelques mètres seulement de la maison de la culture Mouloud Mammeri où se déroulent le festival culturel local des arts populaires et le festival arabo-africain de danse folklorique. Des jeunes gens ont décidé dans la matinée d'hier de barricader la route au moyen de pneus enflammés et toutes sortes d'objets pour crier leur colère devant ce qu'ils appellent «le laxisme et la roublardise des autorités de wilaya qui ne cessent de tergiverser à propos des travaux d'aménagement de la cour intérieure» de cette cité qui se trouve dans un état de délabrement avancé et qui met en péril la vie des habitants, particulièrement les enfants qui y jouent quotidiennement. Les jeunes manifestants étaient prêts à perturber le déroulement du festival pour se faire entendre. C'est un projet qui existe depuis près de quatre années, disent les jeunes de la cité, qui précisent que, à chaque fois, «ils nous trouvent des prétextes pour reporter le lancement des travaux». Les diverses démarches du comité de quartier auprès des autorités concernées n'ont pas abouti à grand-chose, mais ce qui a attisé le feu, c'est la décision des autorités de charger une entreprise du ravalement des façades de la cité. Pour beaucoup d'entre eux, l'opération de ravalement a été décidée en prévision de la visite du chef de l'Etat, qu'on dit proche. «Ce n'est pas normal qu'ils ne s'inquiètent pas de la vie de nos enfants au moment où la beauté du site les préoccupe», dit Samir, qui ne manquera pas de signaler que dans un autre quartier de la ville, du côté du nouveau lycée, des jeunes ont barricadé la route et ont vite obtenu gain de cause suite à un déplacement sur les lieux du chef de daïra de Tizi Ouzou. Pour lui, les autorités encouragent ce genre d'actions de protestation. D'ailleurs, le directeur général de l'OPGI de Tizi Ouzou, entouré de ses collaborateurs, a fait le déplacement à la cité en question pour y rencontrer les membres du comité de quartier. Ces derniers ont exposé le problème et il s'est avéré que l'aménagement de la cour intérieure de la cité constitue réellement un danger à cause des commerçants, lesquels, pour l'extension leurs magasins, ont dû abattre les murs porteurs du bâtiment. Selon un expert, les travaux de réhabilitation de cette cour ne doivent pas se faire sans le règlement de ce problème de murs porteurs, disent deux des collaborateurs du responsable de l'OPGI. Les discussions n'ont pas duré longtemps dans une cage d'escaliers de la cité, les deux parties ayant convenu de se rencontrer dans l'après-midi au niveau du siège de l'OPGI pour détailler les discussions. Les jeunes ont accepté de surseoir à leur action mais se disent prêts à remettre cela si les autorités persistent sur leurs tergiversations.