De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Magistral, c'est le mot qui pourrait résumer le mieux le spectacle du musicien Safy Boutella dans la soirée de lundi dernier au stade Oukil Ramdane de Tizi Ouzou qui a accueilli ce monument de la World Music dans le cadre du Festival culturel panafricain d'Alger, et ce, à la veille de l'ouverture officielle du Festival arabo-africain de danses folkloriques, programmée pour la soirée d'hier mardi au même endroit. La prestation de Safy Boutella et de son groupe a été, de l'avis de beaucoup parmi les quelque 2000 spectateurs présents, monumentale du point de vue musical. La scène mise en place pour la circonstance a vibré pendant plus de deux heures au rythme d'un magnifique jazz sur lequel l'artiste ne manquera pas de greffer quelques morceaux bien de chez nous ou même d'autres de styles de musique différents. Les dizaines de familles et les centaines de jeunes présents, que ce soit sur la nouvelle pelouse du stade ou dans les tribunes, et même si certains d'entre eux n'écoutent pas vraiment ce genre de musique, ils ont apprécié le spectacle de ce monument de la musique universelle, puisque, malgré un retard de plus de quatre-vingt-dix minutes, ils ont attendu le début du spectacle. Un spectacle très jazzy avec des touches locales que Safy Boutella intègre volontiers pour rappeler à son public dans le monde entier son algérianité ou tout au moins son appartenance au continent africain. Djawhara, ce beau morceau composé pour l'artiste kabyle Djamel Allam, s'est révélé un véritable bijou musical que la bande à Safy Boutella a orchestré de façon magistrale. Assis sur un tabouret et face à deux claviers de synthétiseurs, l'artiste se plaira à chaque pièce de présenter de courts morceaux en solo (avec improvisation dans certains cas ?) que ce soit lui au synthé ou l'un de ses camarades, comme le guitariste dont la prestation donnait une énorme sensation à tous les spectateurs qui apprécient ce genre de musique, pas très populaire en Algérie. Mais le plus beau cadeau que Boutella a offert au public reste cet istikhbar qui l'a éloigné de son synthé au profit d'un harmonica. Il jouera parfaitement un morceau qui passe de la country de Willy Nelson à du pur blues à la B. B. King. Magistral ! Et la suite de cette pièce intitulée Sud sera une pure merveille de world music mixée à la sauce algérienne. L'artiste comprendra par ailleurs que tout le monde n'est pas branché jazz dans notre pays, ce qui l'amènera à programmer deux œuvres de son répertoire qui datent des années quatre-vingt, à savoir Chebba Bent Bladi et La Camelle qu'il a composées au profit de cheb Khaled. Les jeunes présents ne manqueront pas d'investir tous les espaces susceptibles d'être transformés en pistes de danse.