Le ciment se fait de plus en plus rare et de plus en plus cher sur le marché national. Cette situation n'est pas nouvelle en Algérie puisque le marché des matériaux de construction est périodiquement secoué par des crises qui affectent sérieusement le secteur du BTPH où les chantiers sont nombreux et où l'on s'attend à des réceptions tardives de projets. Déjà que les délais de réalisation ne sont pas respectés, cette situation ne fera qu'empirer et remettre la finalisation des projets à plus tard au moment où le gouvernement insiste sur la nécessité de parachever les constructions lancées depuis des années. Les projets sont donc en otages. C'est en somme le flou total chez l'ensemble des acteurs du BTPH et l'équation semble aujourd'hui difficile à résoudre même si, mathématiquement, une équation à une seul inconnue est facile à solutionner. Car, dans ce cas, l'inconnu est facile à retrouver, c'est la spéculation. Il suffit donc d'identifier les acteurs ou plus précisément la mafia du ciment pour réussir à rétablir l'équilibre entre l'offre et la demande. Mais, d'un autre côté, il y a lieu de s'interroger sur les résultats des opérations de privatisation des cimenteries. Lesquelles sont bien au-delà des attentes du gouvernement. Et pour cause, si la production de ce matériau devenu précieux a connu une hausse au cours des cinq premiers mois de l'année, selon la Société de gestion des participations «Industrie des ciments», cette hausse n'est pas mise en exergue dans les unités privatisées. Une précision de taille est en effet à faire, l'augmentation est signalée au niveau des entreprises publiques même si des arrêts techniques sont parfois signalés. Elle est de 6% entre janvier et mai de cette année avec une production de 4,697 millions de tonnes, contre 4,439 millions durant les cinq premiers mois de l'année 2008. Qu'en est-il alors réellement des chiffres au niveau des unités privatisées, dont la vente au profit d'opérateurs étrangers avait pour principal objectif d'augmenter la production. Or, il semble aujourd'hui que les acheteurs n'ont pas respecté les cahiers des charges. Cette situation nous rappelle le cas de l'Entreprise nationale des gaz industriels (ENGI) (rachetée par les Allemands) qui a vu sa capacité de production diminuer après l'ouverture de son capital alors que le gouvernement s'attendait à l'inverse. L'on se souvient des remarques faites à ce sujet par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, surtout pour justifier les nouvelles orientations en matière d'investissements… Les exemples d'échec d'opérations de privatisations sont finalement plus nombreux que l'on pense ? La crise du ciment est bien pour donner des leçons, pour illustrer cet échec et pour montrer l'importance des nouvelles règles d'investissement. S. I.