Le bouleversement climatique global et la baisse persistante de la pluviosité depuis plusieurs décennies, font vivre à l'Algérie une réelle situation de stress hydrique et la situe dans la catégorie des Etats pauvres en ressources hydrauliques. Les potentialités en eau du pays sont estimées à 17 milliards de m3/an et la part du liquide prélevée par rapport au volume annuel moyen des apports se situe autour de 35%. Etancher la soif des Algériens a, donc, de tout temps été le casse-tête des pouvoirs publics. D'autant plus qu'une telle entreprise nécessite la mobilisation de grands capitaux. L'embellie financière que connaît le pays depuis l'envolée des prix du pétrole a été l'occasion inespérée d'engager ces grands chantiers ou de relancer ceux à l'arrêt depuis de nombreuses années. C'est donc dans cet esprit qu'a été élaboré le schéma directeur national des grandes infrastructures hydrauliques. Adopté en Conseil des ministres le 13 février 2007, ledit schéma s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la loi n°01-20 en date du 12 décembre 2001, relative à l'aménagement et au développement durable du territoire qui prévoit la réalisation du schéma directeur de l'eau comprenant le développement des infrastructures de mobilisation de la ressource ainsi que sa répartition entre les régions, conformément aux options nationales d'occupation et de développement du territoire. Pour faire face à la rareté de la ressource, et en vue de sa mobilisation optimale, le schéma directeur propose une projection planifiée pour les horizons 2025 et 2040, des programmes de développement, des modes de gestion et de gouvernance intégrés spatialement dans le schéma national d'aménagement du territoire (SNAT). Ce schéma aborde les questions concernant la mobilisation, l'alimentation en eau potable, l'assainissement et la gouvernance de l'eau. Mobilisation de la ressource Ce programme actuellement en cours portera d'ici à 2009, le nombre des grandes infrastructures de mobilisation à 69 barrages et 26 grands transferts pour une capacité totale de 7,2 milliards de m3. Cette capacité devrait passer pour l'ensemble des eaux conventionnelles, eaux souterraines comprises, à 11 milliards de m3 en 2025 et 12 milliards en 2040. Le programme de dessalement de l'eau de mer comporte, pour sa part, la réalisation de 16 stations de capacités variables qui produiront à terme, 1 milliard de m3/an et permettront de réorienter la ressource des barrages du nord du pays vers les régions des Hauts Plateaux. Dans cette perspective, le département de M. Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, projette de grandes actions, notamment 32 études de faisabilité de barrages et 27 avant-projets détaillés de barrage et de transfert. Il préconise aussi le transfert des eaux de la nappe albienne vers les villes des Hauts Plateaux, le transfert des eaux de la nappe albienne d'In Salah vers Tamanrasset sur 740 km, le transfert des eaux de la nappe de Chott El Gharbi dans la wilaya de Naama vers le sud des wilayas de Tlemcen et de Sidi Bel Abbès. Alimentation en eau potable Le programme porte sur la réhabilitation des réseaux dans les grandes villes, le raccordement de nouvelles localités et l'augmentation des capacités de stockage et de traitement des eaux. Il devra faire passer le taux de raccordement aux réseaux d'alimentation en eau potable (AEP) qui est aujourd'hui de 90% à 98% et augmenter la dotation quotidienne moyenne par habitant de 155 l, en 2005, à 180 l en 2025. Assainissement S'agissant du programme d'assainissement, il prévoit la réalisation d'un linéaire d'assainissement de 54 000 km et de 60 nouvelles stations d'épuration ; il permettra de faire passer le taux de raccordement aux réseaux de 85 à 98%, en 2025, et d'assurer l'épuration de 900 millions de m3, principalement destinés à l'agriculture. L'ensemble de ce programme a pour objectif de satisfaire tous les besoins en AEP et en irrigation pour toutes les régions dans le scénario d'une année de pluviosité moyenne ou de couvrir la totalité des besoins en AEP et 60% des besoins en irrigation, dans le cas d'une année sèche. Gouvernance Afin de pérenniser les différents investissements coûteux pour la collectivité nationale et s'assurer d'une gestion rationnelle et équitable de la ressource, un certain nombre d'actions sont et seront menées dans le domaine de la gouvernance de l'eau, basées sur un certain nombre de principes. Il s'agit fondamentalement de l'exigence de durabilité de la gestion des ressources en eau, à savoir l'AEP et l'irrigation ; l'exigence d'une planification et d'une gestion concertée des aménagements hydrauliques et des ressources en eau ; l'exigence d'une gestion efficiente des services publics de l'eau et de l'assainissement par le recours au partenariat public-privé dans le cadre de la gestion déléguée. Des exigences impliquant indéniablement une intensification de la formation d'un encadrement de haut niveau afin d'assurer dans les meilleures conditions l'entretien et l'exploitation des infrastructures réalisées. Ce schéma vise, entre autres objectifs, à promouvoir une politique de l'économie de l'eau, à instaurer graduellement un système tarifaire des services d'eau potable et d'assainissement adapté aux situations des différentes catégories de consommateurs, à encourager une politique de gestion participative de l'eau, à assurer la protection de la ressource contre les risques majeurs, à savoir la sécheresse, les inondations, les séismes, l'érosion, la désertification, l'envasement et les pollutions de tous genres. G. H. ------------------------------------------------------------------------ En termes physiques, le schéma directeur des grandes infrastructures hydrauliques trouve sa première expression dans la réalisation, notamment des grands projets suivants : - le complexe de Beni Haroun livré dans sa totalité, en 2007, dessert les villes suivantes : Constantine, Mila, Chelghoum Laïd et Khenchela, - le système Taksebt, livrable cette année 2008, pour alimenter les wilayas suivantes : Tizi Ouzou, Boumerdès et Alger, - le système hydraulique Mostaganem-Arzew- Oran (MAO) qui sera mis en service dans sa totalité au cours du premier trimestre 2008, - le grand barrage de Koudiat Acerdoune (650 millions de m3) livré début 2008, - le grand projet de transfert d'eau potable de la nappe d'In Salah vers Tamanrasset dont le lancement des travaux a eu lieu début 2008, - le projet de transfert vers les Hautes Plaines sétifiennes avec la réalisation de trois barrages, - la réalisation de 16 stations de dessalement de l'eau de mer avec leurs aménagements pour une production de 2,5 millions de m3/jour à l'horizon 2020-2030, - la mise en service, à l'horizon 2009, de 28 nouvelles stations d'épuration et le lancement des études pour 60 autres, - les projets de lutte contre la remontée des eaux à El Oued et à Ouargla. A noter que l'enveloppe budgétaire réservée à l'ensemble des chantiers lancés s'élève à 1422,4 milliards de dinars. G. H.