Sarkozy veut calmer les esprits qui se sont échauffés ces derniers jours après les délires d'un général à la retraite voulant se dédouaner puisqu'il était en charge de l'affaire de l'enlèvement des moines de Tibhirine et pourrait même être le responsable moral de leur assassinat par le GIA avec qui les services secrets français avaient pris contact sans en informer les responsables algériens qui étaient sur la piste des ravisseurs. En fait, si on décode la dernière déclaration du président français, on comprend que l'Elysée vient de prendre connaissance du contenu du dossier relatif à l'enlèvement des sept moines de Tibhirine, et a compris, au vu des rapports et des notes qui y sont consignés, qu'il était préférable pour l'image des services secrets français de ne pas ouvrir la boîte de Pandore. Ainsi, tout en laissant la justice effectuer son travail pour aider les familles des victimes à faire leur deuil, 13 ans après le massacre des moines de Tibhirine par les hordes barbares du GIA, Sarkozy semble suggérer aux services secrets français de se calmer au risque de dévoiler leurs cacophonies à répétition aussi bien en Algérie qu'en Afghanistan, au Liban, dans beaucoup de pays africains et de mettre ainsi en évidence leur responsabilité dans la mort des moines de Tibhirine. Dans leur arrogance légendaire, la DST et la DGSE ont voulu tenter le diable en acceptant de négocier avec des terroristes mais en voulant surtout contourner les services de sécurité algériens plus au fait du terrain, qui avaient donc plus de chances de localiser les ravisseurs du GIA et de libérer les otages comme ils l'ont fait avec les touristes européens otages de Abderrazzak El Para. 13 ans après leur échec patent, ils profitent du silence des autorités algériennes qui préfèrent respecter l'obligation de réserve qu'imposent les relations diplomatiques et internationales surtout entre deux pays qui aspirent à construire des rapports solides basés sur le respect mutuel et les intérêts communs. A propos de la période de la tragédie nationale, l'ancien militaire, aujourd'hui écrivain, Yasmina Khadra, a préféré compromettre sa carrière littéraire en s'impliquant par devoir moral dans cette énième polémique sur le «qui tue qui ?» et déclarer sur l'honneur que tous les massacres ont été commis par le GIA. Quant au témoignage de Abdelhak El Ayadha, il vaut celui de Benhadjar et du général français, dans la mesure où il faisait partie de l'organisation terroriste et qu'il ferait mieux de se taire et de se faire oublier. La presse algérienne est plus crédible sur ces questions parce qu'elle a vécu ces moments d'horreur et de barbarie, d'autant qu'elle a occupé le terrain au même titre que les services de sécurité. A. G.