Synthèse de Samira Imadalou Sur le plan théorique, le G8, élargi aux pays émergents, est parvenu à l'issue de son sommet à L'Aquila, Italie, à marquer des points sur les thèmes discutés. Ses membres ont ainsi abordé la question du climat et ont tendu la main aux pays les plus pauvres en décidant de porter leur aide à 20 milliards de dollars pour assurer la sécurité alimentaire. En matière de climat, le résultat n'est pas clair. Certes, certains, à l'image du président américain Barack Obama, estiment que ce sommet est «très positif» puisqu'il a permis des avancées sur la lutte contre le réchauffement climatique. Mais cette satisfaction n'est pas affichée du côté de l'Organisation des Nations unies (ONU). Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, estime ces résultats «insuffisants». Et pour cause, la convergence sur la nécessité de stopper le réchauffement climatique n'a pas été suivie de décisions concernant les moyens de cette lutte. Les pays les plus riches de la planète restent, en effet, encore divisés sur les moyens d'y remédier. Ces pays veulent diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici à 2050 et par cinq ou plus en ce qui concerne les pays industrialisés. Faute d'engagement à l'horizon 2020, les pays émergents, Chine en tête, ont refusé de s'associer à cet accord. Le G8 «pouvait faire plus» sur le climat, mais ses conclusions ont donné de l'élan à la négociation du futur accord attendu à Copenhague en décembre, a résumé Yvo de Boer, le plus haut responsable du climat aux Nations unies. Qu'en est-il sur le plan économique? Là aussi, les décisions en sont au stade d'engagements. Les participants au sommet de L'Aquila (considéré comme une réunion de transition avant le sommet du G20 en septembre à Pittsburgh (Etats-Unis) se sont engagés à «résister» au protectionnisme en décidant à conclure en 2010 les négociations commerciales du cycle de Doha. Au sujet du pétrole dont les pays du G8 sont les plus grands consommateurs, on espère une réaction pour la régulation du marché. Le Premier ministre italien, Silvio Berlusconi, a affirmé en effet vendredi que le G8 compte agir contre la spéculation internationale, notamment sur les prix du pétrole ainsi que ceux de certaines denrées alimentaires. «Nous avons exprimé notre déception sur le fait que les spéculations internationales ont repris, en particulier sur les prix du pétrole, mais aussi sur ceux du soja, du blé, du riz», a déclaré M. Berlusconi à la presse, à l'issue du sommet du G8 dont la présidence est assurée par l'Italie. Le Premier ministre italien a cité comme exemple la volatilité des prix du pétrole, qui sont repassés cette semaine sous la barre des 60 dollars après avoir dépassé 73 dollars la semaine dernière. Comment stopper la vente des terres arables ? L'autre volet important sur lequel s'est penché Le G8 est la vente des terres arables, une vente qui se fait d'une manière anarchique. Des terres riches en Afrique et en Asie se retrouvent rachetées par les grandes entreprises du monde pour les exploiter. Les pays du G8, dont les firmes sont les plus nombreuses à se ruer pour l'achat de ces terres cultivables, entendent mettre un peu d'ordre et de principes dans cette pratique à défaut de pouvoir s'immiscer dans les transactions qui privent les populations des terres dont elles dépendent. A titre de rappel, au cours des 4 dernières années, 15 à 20 millions d'hectares, l'équivalent du cinquième des terres agricoles de l'Europe, ont fait l'objet de transactions, achat ou location à long terme, entre gouvernements du Sud, ou entre investisseurs privés et gouvernements, selon l'ONU. Ce phénomène en expansion «risque d'avoir des impacts négatifs sur le droit à l'alimentation et les droits humains, avec l'éviction des utilisateurs habituels» de leurs terres, estime l'ONU, puisque la quasi-totalité des récoltes est exportée vers les pays exploitants. Et ce, au moment où le cap du milliard d'humains souffrant de la faim vient d'être franchi. Les dirigeants des huit pays les plus industrialisés ont annoncé qu'ils proposeraient, à l'initiative du Japon, un «code de bonne conduite», énonçant «les principes et meilleures pratiques en matière d'investissement agricole international». Mais à quel code doit–on s'attendre et comment le faire appliquer, sachant que les acheteurs viennent principalement de ces pays pour viser l'Afrique subsaharienne. Selon les spécialistes en la matière, parmi les principes à imposer, celui d'«associer les communautés locales au contrat et de prévoir une clause garantissant l'approvisionnement local. Surtout quand les prix augmentent : il faut qu'une partie des récoltes reste sur place». Mais connaissant le caractère sensible de ce dossier, il s'agit surtout de discuter clairement en associant l'ensemble des acteurs. «Le G8 est-il prêt à en discuter avec les pays concernés ? Et une fois ce code de bonne conduite adopté, comment le faire appliquer ?» s'interrogent également les experts de l'ONU. Il importe surtout, selon ces derniers, de responsabiliser les gouvernements. «Pour cela, il aurait été utile d'en parler avec les acteurs concernés plutôt qu'entre membres du G8.» Ce qui est certain, c'est que la bataille pour mettre fin à la vente désordonnée des terres arables s'annonce encore longue. A titre indicatif, les terres les plus demandées sont celles situées à proximité d'un point d'eau et qui peuvent ainsi être irriguées à moindre coût.Les exemples de rachat des terres arables sont nombreux. La Chine a acquis 2,8 millions d'hectares en République démocratique du Congo pour créer la plus importante plantation de palmiers à huile.