La crise financière mondiale et le réchauffement climatique vont-ils précipiter la disparition du G8 ? En tout cas, il est fort probable que ce forum regroupant les plus grands pays industrialisés au monde change d'appellation. Le club des riches est aujourd'hui bousculé par les pays émergents, imposant ainsi sa réforme. Ce qui serait une première depuis sa création en 1970 suite à la hausse des prix du pétrole pour coordonner la politique économique des pays les plus industrialisés. Les responsables du G8 reconnaissent, 39 ans après, l'incapacité de ce forum à résoudre, seul, les problèmes de la planète et la nécessité de faire de la place aux pays émergents. Le G5, composé de la Chine, du Brésil, de l'Inde, de l'Afrique du Sud et du Mexique, remet donc en cause la suprématie du club des riches. En se réunissant, jeudi et vendredi derniers à L'Aquila, en Italie, les géants du monde se sont mis d'accord pour l'élargissement du G8. La décision n'a pas été entérinée, mais les présidents des Etats qui font partie de ce club sont, semble-t-il, conscients de sa nécessité. Ils comptent satisfaire la demande du G5 qui a réclamé, dans un communiqué rendu public à l'occasion du sommet de L'Aquila, « une nouvelle gouvernance globale basée sur le multilatéralisme ». La France, l'Allemagne et les Etats-Unis d'Amérique ont exprimé officiellement le vœu d'élargir leur club. La chancelière allemande, Angela Merkel, était la première à se prononcer sur le sujet. « Les problèmes auxquels nous sommes confrontés ne peuvent plus être résolus par les seuls pays industrialisés », affirme-t-elle. Alors que la nouvelle formule du G8 n'a pas encore été décidée, le président français, Nicolas Sarkozy, a fait une proposition. Réclamant une évolution rapide du Groupe des huit, ce dernier souhaite « une institutionnalisation le plus vite possible du G14 qui regroupera le G8 et les grandes puissances émergentes, telles que la Chine et l'Inde ». Hier encore, le président américain, Barack Obama, a emboîté le pas à ses deux partenaires du G8, en souhaitant une diminution du nombre de sommets et une réforme, à la fois du forum et des Nations unies (ONU). Interrogé sur la pertinence du G8 qui est concurrencé par d'autres forums internationaux jugés plus représentatifs, comme le G20 ou le G14, Barack Obama estime qu'une évolution est en cours et qu'à l'issue de celle-ci, il sera possible de trouver la « bonne formule ». « Ce qui sera exactement le bon format est une question dont nous allons débattre », explique-t-il. Le président américain se prononce pour une réforme et une innovation des institutions internationales, à commencer par les Nations unies ou le G8. « Penser que ces institutions peuvent appréhender correctement les énormes changements intervenus au cours des dernières décennies n'a pas de sens », précise-t-il. Sur la réforme de l'ONU, Obama indique également avoir évoqué avec son secrétaire général, Ban Ki-moon, ce sujet. « Je suis un fervent supporter de l'ONU, mais elle a besoin d'être revitalisée et réformée », souligne-t-il. L'intégration des pays émergents dans le club fermé du G8 est aussi soutenue par le président de la première puissance mondiale. « Il n'est pas possible de régler les grands problèmes internationaux en l'absence des pays émergents comme l'Inde, le Brésil ou la Chine. Le fait de croire que nous pourrons répondre aux grands défis internationaux en l'absence de grandes puissances me semble tout simplement erroné », ajoute-t-il. Barack Obama plaide aussi en faveur d'une représentation dans le groupe d'autres pays africains et ceux de l'Amérique latine. Les principaux points examinés Le sommet du G8, qui s'est tenu jeudi et vendredi derniers à L'Aquila, en Italie, a permis aux pays membres d'aborder plusieurs questions d'actualité internationale et de prendre des décisions. En plus de la consécration d'une aide pour lutter contre la faim dans le monde, les pays industrialisés s'engagent à agir contre le réchauffement climatique. Sur ce point, les plus puissants du monde sont parvenus à un consensus, qualifié d'« historique », en décidant de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 50% en 2050 et celles des pays industrialisés de 80% par rapport à 1990. Avec les pays émergents, les membres du G8 reconnaissent la nécessité de limiter le réchauffement mondial à 2°. Le « club des riches » s'est penché également sur les prix du pétrole et a décidé d'agir contre la spéculation qui caractérise ce marché. La question du nucléaire iranien a été également abordée. Les participants à ce sommet accordent un ultimatum à l'Iran pour répondre à l'offre de dialogue qui lui a été proposée. Un ultimatum qui s'achèvera à la fin du mois de septembre prochain. Le G8 s'est déclaré toutefois déterminé à trouver « une solution diplomatique sur le nucléaire iranien ». Il a également condamné fermement l'essai nucléaire et les tirs de missiles effectués ces derniers mois par la Corée du Nord. Les participants au sommet du G8 ont aussi examiné l'évolution de la crise mondiale et la question du commerce.