S'il y a une chose que le Panaf a réussi c'est bien l'établissement de liens entre les cultures des pays africains et, par delà, entre les citoyens. On a vu dans les différents concerts des Algériens se rapprocher de groupes de spectateurs d'un autre pays africain pour copier les pas de danse, le refrain de la chanson interprétée sur scène ou juste poser des questions sur le pays. «Ils sont très sympathiques et ils m'ont appris beaucoup de choses sur leur pays, leurs traditions et leur société», nous dira une dame qui était en discussion avec sa voisine nigérienne. «Ils ont la danse dans le sang. Tu prends n'importe quel Africain, il peut t'apprendre des pas de danse», diront de jeunes Algériens qui s'essayaient à une danse africaine sous la direction d'un groupe de Burkinabés. Il en est de même pour les invités africains. Et si, étant étrangers au pays et ne connaissant de nos traditions que ce qu'ils ont entendu autour d'eux ou vu dans les télés étrangères, ils étaient plus réservés, il suffit d'un «bonjour» et un sourire pour que le contact soit établi. «C'est la première fois que je viens en Algérie. J'ai animé de nombreuses fêtes dans mon pays, j'ai également fait des scènes en Europe, mais c'est la première fois que je me sens dans la peau de quelqu'un qui va apporter quelque chose à son public, à la communauté», nous avait dit, au lendemain de l'ouverture du festival, un musicien malien en réponse à notre question sur le sentiment que suscite en lui le Panaf et sa participation à ce festival. «J'ai le sentiment que les scènes sur lesquelles je me produirai en Algérie me procureront plus de plaisir que toutes les autres. Car, je me sens plus proche du public algérien que ces dernières, même si nous n'avons pas les mêmes cultures», renchérira une danseuse qui accompagnait le musicien. En retour, tout artiste interrogé a, une fois qu'il a répondu, son paquet de questions sur l'Algérie, les Algériens, notre société, quotidien et culture. La soif d'apprendre et de découvrir s'exprime des deux côtés. «On peut prendre en photo les danseuses algériennes ? On m'a dit qu'il ne faut pas photographier les femmes algériennes, c'est vrai ?», nous demande un cinéaste congolais. Et on pouvait voir l'étonnement se dessiner sur son visage quand on lui fera un petit topo de la société algérienne avec ses contradictions et ses contrastes. «Ce n'est pas ce qu'on m'a dit. On m'a expliqué qu'il ne fallait ni parler ni regarder une femme en Algérie, alors la prendre en photo ! Franchement, je suis agréablement surpris par le peu que j'ai vu de ce pays et, surtout, par l'amabilité et l'hospitalité des Algériens. Vous avez un beau pays, et il est africain…», ajoutera-t-il. En effet, l'Algérie est africaine, même s'il nous arrive de l'oublier. C'est sans doute là, le deuxième apport du festival. Il a permis à l'Algérie de détourner son regard du Nord pour regarder vers le Sud, vers ce continent auquel elle tourne le dos bien qu'elle en fasse partie. L'Algérie et les autres pays africains se regardent dans les yeux le temps d'un festival, pourront-ils après regarder ensemble dans la même direction ? La réponse est chez les politiques et les gouvernants, quant à la culture, elle a déjà commencé à faire son travail. Il s'agit de poursuivre l'œuvre de construction. H. G.