Le 2ème Festival panafricain d'Alger s'est achevé, après deux semaines aux couleurs africaines alliant allégresse et chaleur humaine. La symbiose entre les artistes eux-mêmes et le public était incontestable, le grand rassemblement du continent à Alger a créé des liens et a permis aux uns et aux autres de se découvrir et de se redécouvrir. Le Panaf prend donc fin, mais pas l'espoir que celui-ci érige des ponts entre les pays africains, notamment en matière de créativité. Cet espoir ne fait que commencer dans les cœurs et ne demande qu'à se concrétiser. Maintenant que les projecteurs se sont éteints et que les participants sont retournés chez eux, on est en droit de s'interroger. Et après ? Quelles retombées et que peut-on attendre de cet événement ? Les passerelles sont-elles jetées entre les maisons d'édition ? Les liens resteront-ils noués entre les artistes ? On ne peut pas ne pas attendre que des écrivains se rencontrent et pensent l'Afrique de demain. Que des maisons d'édition fassent un échange de bons procédés pour la publication d'ouvrages afin de faire connaître les auteurs de la région, et de rendre attrayantes les particularités de chacun des pays du continent. Il faut reconnaître qu'en ce qui nous concerne, nous Algériens, la littérature africaine demeure un univers inconnu. Rares sont en effet ceux qui savent apprécier les intonations et les subtilités des œuvres d'écrivains noirs qui nous parlent aussi, à nous Africains qui nous ignorons. Espérer des rencontres entre auteurs du continent est légitime, les rapprocher ne pourra que les enrichir sur le plan des idées et en même temps enrichir leur travail d'écriture. Des séminaires et colloques doivent regrouper des intellectuels qui penseraient l'Afrique de demain. Le développement, la situation des femmes et des enfants doivent faire l'objet de débats. Un chassé-croisé culturel et social permanent n'est pas une utopie, il est parfaitement réalisable. Il ferait connaître l'Afrique aux Africains, en les rapprochant les uns des autres à travers leur culture, leurs us et coutumes, leurs souffrances et leurs espoirs. Cette fougue que la 2ème édition du Festival panafricain a suscitée trouvera-t-elle son prolongement dans des actions concrètes ? On est en droit de s'interroger aussi sur l'aspect lié à l'animation que cet événement a créée. Deux semaines durant, Alger et d'autres villes du pays n'ont pas connu le sommeil. Elles ont chanté et dansé, et ont été joyeuses. Qu'y aura-t-il maintenant que le Panaf est fini ? Les places publiques et les espaces qui ont vibré à la cadence de musiciens et de spectateurs unis par le même bonheur regrettent déjà cet intermède. La torpeur risque de s'en emparer faute d'un programme qui meublerait les longues soirées d'été, tout comme elle risque de s'emparer des citoyens longtemps privés de réjouissances. R. M.