Photo : S. Zoheir Par Samira Imadalou C'est connu. Les ports algériens sont malades de leur gestion. Une gestion qui présente de nombreuses anomalies engendrant des pertes colossales pour l'économie nationale. Pour pallier cette situation et pour une meilleure organisation des opérations de commerce extérieur, le gouvernement a entamé une série des démarches en commençant par céder la gestion de son plus grand terminal aux Emiratis (Dubaï Ports World). Lequel a la charge de résoudre le problème de saturation du terminal à conteneurs d'Alger qui a connu des difficultés quelques années après sa réception. Le problème de la congestion de ce port par lequel transite une grande partie de la marchandise importée s'est posé avec acuité. La décision d'interdire tout accostage des navires transportant des produits alimentaires, des marchandises en vrac et des véhicules au port d'Alger entre aussi dans le cadre des mesures prises pour l'amélioration de la gestion des ports Ainsi, ce dispositif décidé en conseil interministériel devrait permettre de décongestionner le port d'Alger où les navires attendent des dizaines de jours en rade avant d'être déchargés. Souvent on se retrouve avec des produits périmés. Ce qui pénalise l'économie nationale. Le fait d'imposer un taux de fret et des primes d'assurances élevées, ainsi que des taxes de congestion est également à l'origine de ces pertes financières. Donc, pour une meilleure utilisation des capacités portuaires algériennes, les ports de Djendjen, près de Jijel (est), Mostaganem et Ghazaouet (ouest) sont retenus pour la réception des navires transportant les véhicules, a précisé le ministère. Parallèlement, les ports d'Oran, Mostaganem, Ghazaouet, Arzew, Ténès (ouest) et Béjaïa, Annaba, Skikda et Djendjen (est) accueilleront les navires transportant les autres catégories de produits. Il reste à savoir maintenant comment seront appliquées ces mesures ; connaissant la réticence des importateurs, il faut le dire, face aux changements décidés par le gouvernement, comme ce fut le cas d'ailleurs pour la généralisation du numéro d'identification fiscale (NIF). Dans le cas de cette nouvelle décision, les problèmes qui risquent de se poser du côté des importateurs concernent, entre autres, les frais de transport et la délocalisation de leurs réseaux. En effet, selon une étude du Forum des chefs d'entreprise, 70% des 25 000 importateurs recensés à l'échelle nationale sont basés dans cinq wilayas dont Alger et Sétif. Ces importateurs sont appelés à effectuer des démarches pour modifier la destination finale de leurs navires. Si cette mesure arrange certains, elle ne fera pas le bonheur d'autres. Mais ce qui est sûr, c'est qu'avec le temps, le port d'Alger sera soulagé. De même pour la circulation aux abords de l'infrastructure portuaire de la capitale. Par ailleurs, la décision d'investir 160 millions d'euros pour améliorer la gestion et la sécurité des ports à travers la mise en place d'un nouveau système de gestion de la sécurité maritime et portuaire est un autre signe de la volonté de l'Etat d'en finir avec la gestion archaïque. Ce dispositif, qui permettra d'assurer «toutes les formalités commerciales par voie électronique», appelé système intégré de la gestion de la sûreté et de la sécurité maritime et portuaire et d'échange de données informatisées (VTMIS), sera opérationnel en 2012. En attendant, la priorité sera donnée aux moyens d'application de cette nouvelle feuille de route pour la gestion des ports. Car l'ensemble des mesures annoncées ces derniers temps ne font que résumer la feuille de route tant attendue.