Photo : S. Zoheir Par Samira Imadalou Trois mois après la mise en application de la loi de finances complémentaire 2009 (LFC 2009), laquelle continue à susciter le débat sur la scène économique nationale, le gouvernement passe à une autre étape en adoptant lors du Conseil des ministres, tenu la semaine dernière, le projet de loi de finances pour 2010. L'accent a été mis sur le volet social doté d'une enveloppe conséquente de 1 000 milliards de dinars. Avec des recettes de 3 081 milliards de dinars, des dépenses de 5 860 milliards de dinars et un budget de 2 838 milliards de dinars, ce projet vient consolider les mesures de la LFC 2009. Le chef de l'Etat l'a d'ailleurs souligné à l'issue de la réunion, tout en appelant les opérateurs économiques à jouer le jeu en participant efficacement à travers la mobilisation pour réussir «un véritable décollage économique». «Car c'est là la condition indispensable pour soutenir l'élan de la croissance que nous connaissons depuis le début de la décennie, décollage économique qui mobilise en permanence l'effort de l'Etat, comme le confirment toutes les mesures déjà prises, notamment au cours de cette année». Ainsi, pour le Président, l'effort de l'Etat s'est traduit par des mesures claires pour notamment booster l'investissement et freiner les importations tous azimuts comme décidé dans la LFC 2009 et renforcé dans la prochaine loi de finances (des mesures pour faire baisser la pression fiscale). Cependant, le travail doit suivre du côté des opérateurs économiques. Comment peut-on réussir ce challenge quand les capacités managériales de nos entreprises, qu'elles soient publiques ou privées, sont limitées? Ce constat a été dressé à maintes reprises par les responsables des différents secteurs et par les experts. Cependant, les changements tardent à venir. Les entreprises algériennes ont bénéficié au cours de ces dernières années d'allègements fiscaux et autres mesures incitatives à l'investissement mais, en parallèle, les efforts pour améliorer la gestion et, par ricochet, la productivité sont faibles. Les méthodes de gestion restent archaïques. Elles ne sont pas adaptées aux normes internationales. Et, pourtant, les exemples de réussite à travers le monde sont nombreux. Dans de nombreux pays, le recours à l'intelligence économique et à l'économie du savoir a donné de bons résultats. C'est le cas, à titre illustratif, de la Corée du Sud dont un expert de renommée internationale, venu la semaine dernière à Alger, a fait un exposé bien ficelé sur les recettes modernes de gestion. Ce n'est pas le premier à le faire. Les visites de ce genre et la présentation des expériences étrangères se sont multipliées en Algérie sans pour autant que les leçons soient tirées. Les lacunes et les besoins sont pourtant identifiés. Or, les solutions tardent à venir même si les dépenses en matière de formation et de recherche scientifique ont sensiblement augmenté ces dernières années. Pour 2010, le gouvernement va consacrer 190 milliards au développement des infrastructures de formation et à la recherche scientifique. Qu'en sera-t-il du programme pour l'amélioration des compétences ? A ce sujet, rappelons que le gouvernement envisage l'ouverture de cinq écoles supérieures de management, dont la première en 2011. Elle sera lancée à Boumerdès si les délais sont respectés. En ce qui concerne les autres écoles, aucune indication n'a été donnée. Pour passer de l'état embryonnaire à la naissance, le chemin s'annonce en tout cas long pour le management en Algérie surtout quand on sait que la majorité de nos PME privées sont familiales et acceptent difficilement le changement.