Photo : S. Zoheir Par Samira Imadalou Ouvert depuis quelques années, le débat sur la relation entre l'université et le monde du travail se poursuit. La nécessité de créer une passerelle entre l'entreprise et l'enseignement supérieur ne cesse d'être évoquée. Mais sur le terrain, la situation est différente. L'implication des universités algériennes dans le développement socio-économique reste faible, voire insignifiante. C'est le même constat pour les entreprises qui sont très peu nombreuses à travailler en collaboration avec les instituts de l'enseignement supérieur. D'ailleurs, pour préparer leurs projets de fin d'études, les étudiants ont souvent du mal à être acceptés par les entreprises. «Les sujets ne répondent pas à nos attentes», argumentent généralement les chefs d'entreprise pour montrer le déphasage entre la formation universitaire et les besoins du monde du travail. Des besoins qui ont changé au fil des ans et qui se sont adaptés aux réformes engagées mais aussi à l'ouverture du marché. Alimenter le secteur économique de manière globale et le secteur industriel de manière particulière en ressources humaines qualifiées est devenu une tâche ardue. Le profil des diplômés ne répond pas aux attentes des entreprises et groupes industriels, fort nombreux aujourd'hui à recourir aux instituts spécialisés privés pour perfectionner la formation de leurs employés. Ce qui leur coûte d'ailleurs cher. La décision prise par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique d'établir une jonction entre l'Ecole nationale supérieure de technologie (ENST) de Rouiba, ouverte en octobre dernier, et des entreprises gagnerait à être généralisée pour instaurer une collaboration continue et directe entre les universités et les entreprises économiques qui ont besoin d'améliorer leur gestion à différents niveaux. C'est, globalement, l'aspect gouvernance qui nécessite d'être pris en charge. De ce côté, l'université algérienne ne s'implique pas dans ce dossier laissant la place libre aux instituts privés. Dans ce cadre, un institut algérien de gouvernance d'entreprise sera créé avant la fin de l'année par un groupe de chefs d'entreprise privés et d'experts, avec l'appui du ministère de la Petite et Moyenne Entreprise et de l'Artisanat. Les porteurs de ce projet, faut-il le rappeler, sont les chefs d'entreprise et experts qui ont élaboré le code algérien de gouvernance d'entreprise, rendu public en mars 2009. Cet établissement dispensera des formations sur la gestion et la gouvernance des PME au profit des chefs et cadres d'entreprise. A la lumière des besoins exprimés aujourd'hui en matière de gestion et de management, ce genre de formation s'impose, d'autant que le gouvernement a inscrit à son programme la création de champions industriels nationaux et la généralisation de l'économie fondée sur le savoir (EFC). Le volet gouvernance est une condition sine qua non pour réussir ces projets qui ne sont, faut-il le noter, qu'à leurs premiers balbutiements. L'Etat, qui a engagé des sommes colossales dans des plans de développement des entreprises publiques à l'image de la SNVI et d'Air Algérie, est appelé à gagner la bataille de la gouvernance et de la gestion. Car, c'est aussi une manière de lutter contre la corruption qui a pris des proportions alarmantes au sein de nos entreprises.Autant donc injecter de l'argent à bon escient. Les expériences ont montré à travers le monde que les pays ayant réussi sont ceux qui ont investi dans la ressource humaine. Les experts ne cessent de le répéter. Investir dans la ressource humaine commence à l'école pour se poursuivre dans les autres cycles de formation en synergie avec le monde du travail. C'est là que tout doit se jouer.