Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Située à quelque 80 km de Constantine, la plage Ben M'hidi (ex-Jeanne d'Arc) à Skikda constitue depuis la nuit des temps la destination préférée des familles constantinoises, en raison de sa proximité. Pourtant, il faut rouler près d'une heure pour voir la grande bleue à l'horizon. Si par le passé le trafic n'était pas dense, il n'en demeure pas moins que, ces dernières années, avec le nombre impressionnant de véhicules, il est difficile d'aller se baigner sans être stressé «à perdre son bronzage» au retour, en fin d'après-midi. De fait, l'excès de zèle de certains conducteurs donne à la route une allure de «piste» de rallye, créant plus de trois voies parfois. Comme cela a été le cas lors du pic de chaleur enregistré à Cirta le week-end dernier où beaucoup de familles ont rejoint leur domicile à une heure tardive de la nuit, à cause justement de cet incivisme et de l'imprudence de certains énergumènes au volant. Malheureusement, les pères de famille qui travaillent doivent attendre la fin de la semaine pour emmener leur progéniture au bord de la mer. Pendant les autres journées de cette saison estivale assez chaude, les enfants en quête «d'espace d'eau» attendent impatiemment pour la plupart le départ en vacances. La ville ne leur offre presque rien en été, en «aquatique». Le taux d'association et de clubs de natation dans cette ville nous éclaire on ne peut mieux sur le nombre de bassins opérationnels, notamment sur leur état de dégradation. En effet, 2% est la proportion qu'occupe cette discipline dans cette wilaya, comparativement aux autres disciplines. La sonnette d'alarme a été tirée par les députés de la région à la fin du mois dernier. «Nos piscines sont dans un état lamentable et déplorable. Cela concerne les bassins de loisirs et non de la compétition», lit-on dans le rapport du comité chargé de la réhabilitation de ces espaces. En effet, la majorité des bassins implantés dans différentes communes ne répondent pas aux normes. Pis, ils représentent un danger, du fait qu'ils n'offrent aucune garantie technique. Pour les nostalgiques de la ville des Ponts, lorsqu'on évoque les piscines, un seul lieu leur vient à l'sprit, Sidi M'cid, un coin «paradisiaque» par son relief attractif hors pair qui regroupe trois bassins, dont un olympique. Ce fut la destination privilégiée des Constantinois, avant que la main de l'homme ne vienne «interrompre» l'alimentation naturelle en continu de ces bassins. Aujourd'hui, cette structure est à l'arrêt, après avoir été louée à un premier investisseur privé, dont les déboires avec les autorités lui ont ouvert la porte de sortie. Un second investisseur, qui a pris le relais il y a près de deux ans, est en butte à des problèmes d'eau. «Les piscines de Sidi M'cid sont fermées pour des causes inconnues et mystérieuses», à en croire des sources concordantes. Par ailleurs, selon le constat émanant du comité de l'APW chargé de ce volet, la solution idoine pour réactiver ce site est de l'attribuer à la jeunesse et des sports pour lui donner un coup de starter. «Il est inconcevable de constater la dégradation des lieux sans réagir», martèle un membre du comité. Il existe des bassins éparpillés dans différentes communes de Constantine. Toutefois, leur profondeur, dépassant les 2,3 m, repoussent les jeunes enfants à y aller, soit les apprentis-nageurs. Seuls les bassins des communes de Didouche Mourad et de Hamma Bouziane sont en mesure de remplir un tant soit peu leur rôle. S'agissant des autres bassins, on en totalise au moins douze dans un état inapproprié à la baignade. Ils sont répartis à Aïn Abid, Aïn Smara, Zighoud Youcef, etc. Beaucoup de travaux de réhabilitation, voire de conformité aux normes, sont à accomplir pour permettre aux citoyens de s'y rendre sans encourir un danger d'«hygiène ou d'incommodité». C'est dans ce sens d'ailleurs que les députés locaux -si cela ne reste pas uniquement sur papier– suggèrent la prise en charge sérieuse de ces bassins en inadéquation avec les normes de base. Ainsi, il a été décidé d'allouer un budget, si modeste soit-il, pour ranimer les lieux. Les communes concernées par ces opérations devraient mettre sur pied des études techniques et régulariser des litiges avec d'éventuels opérateurs. En outre, on prône l'ouverture de ces structures à l'arrêt au privé, à travers un cahier des charges bien élaboré pour éviter les erreurs du passé. A vrai dire, Constantine souffre énormément pendant la saison estivale. La nécessité d'asseoir une commission ad hoc, capable de répertorier les lieux de baignade, s'impose bien avant le démarrage des aménagements suggérés par le comité de wilaya pour la réactivation de ces lieux. L'urgence n'est pas de rafistoler ces structures à l'abandon, mais de se plier aux normes pour garantir une baignade sans «bavure» dans un cadre convivial.