De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Depuis trois ans, les parents d'élèves, particulièrement les petites bourses et les démunis, accueillent le mois de septembre, l'angoisse au ventre, surtout qu'il intervient à l'issue d'une saison estivale budgétivore caractérisée habituellement par les dépenses liées aux fêtes et aux vacances. C'est particulier depuis trois années parce qu'aux dépenses de la rentrée scolaire se sont jointes celles du mois de Ramadhan et de l'Aïd qui semblent se conjuguer contre les familles algériennes dans une opération de saignement budgétaire quasi hémorragique. Trois événements qui viennent quasi simultanément malmener le budget des familles qui ressentent le coup (et le coût) même quand elles appartiennent à ce qu'on appelle la classe moyenne. Aucune wilaya n'est épargnée par ce phénomène et encore moins celle de Tizi Ouzou où la pauvreté, au lieu de reculer ou au moins de freiner, poursuit sa croissance de façon alarmante. Donc, les familles, dans cette wilaya où l'activité économique génératrice de richesses et d'emplois est quasi nulle, ne savent toujours pas à quel saint se vouer durant ce mois de septembre. Un petit calcul arithmétique fait ressortir qu'un seul enfant scolarisé coûte au moins 5 000 dinars rien que pour la rentrée scolaire, en incluant dans le calcul les 2 000 dinars de fournitures scolaires, les 2 000 dinars de livres scolaires et les 1 000 dinars minimum pour de nouveaux vêtements. Un parent d'élève qui touche le SNMG de 12 000 dinars mensuellement peut-il faire face à cette dépense en sachant que les prix des produits de première nécessité ont connu une hausse vertigineuse pendant ce mois de Ramadhan. Et si l'on considère que beaucoup de parents ont plus d'un enfant à charge, c'est le désastre qui s'annonce dans les familles nécessiteuses dont le nombre grandit de jour en jour. Parce que dans ce cas, même un salaire de 20 000 dinars par mois ne suffira pas pour offrir le minimum aux enfants scolarisés. Surtout que cela intervient à la même période que le mois de Ramadhan et l'Aïd qui engendrent de gros frais aux familles.«Vous savez, en été, en plus de priver mes enfants de vacances et de loisirs, je passe mon temps à raser les murs pour ne pas devoir répondre aux invitations de mariage. Je m'isole de plus en plus des membres de ma famille et de mes amis, même si je le vis très mal», dit Ahmed, ce père de trois enfants, dont deux scolarisés. Et dont les dépenses dépassent les 16 000 dinars de son salaire. Il a évité les dépenses de l'été au maximum pour pouvoir faire face à celles de la rentrée en septembre. Toutes les personnes interrogées à Tizi Ouzou disent trouver anormal que des parents offrent à leurs enfants deux tenues vestimentaires pour la rentrée et l'Aïd puisqu'une semaine seulement sépare les deux événements. Rares sont les familles qui peuvent se permettre ce luxe à Tizi Ouzou surtout après la hausse des prix de ce genre de produits (même chinois) suite à la crise mondiale qui a provoqué une forte hausse du prix de la matière première. Beaucoup de gens agissent comme Ahmed à cette occasion mais d'autres préfèrent emprunter de l'argent auprès de leurs proches pour affronter les difficultés de la rentrée et le rembourser avec facilité.