Il y a quelques jours, la télévision algérienne diffusait un reportage dans lequel des maraîchers soutenaient mordicus que les récoltes de cette saison étaient très bonnes et qu'elles suffiraient largement à satisfaire la demande du marché. C'était compter sans tous ces intermédiaires qui, du producteur jusqu'au consommateur, interviennent à tous les niveaux de la filière en usant de tous les moyens, y compris la rétention, pour engranger des bénéfices, sans fournir le moindre effort ou travail. Résultat : les produits arrivent sur le marché à des prix qui les rendent intouchables.Ce schéma, tout le monde le connaît mais seul le consommateur le subit, chaque année, de manière cyclique, malgré les engagements récurrents des différents responsables qui, tout aussi cycliquement, viennent avec un nouveau projet et pleins de promesses quant à la prochaine mise à mort de la spéculation, marché informel, rétention de produits et tutti frutti, tutti quanti, sans jeu de mots. Rien n'y fera. Les années, les saisons et les promesses se suivent et se ressemblent : elles n'ont aucun effet sur l'action des spéculateurs qui continuent à écumer le marché et font fortune sur le dos du Trésor public et du contribuable. Bon an, mal an, c'est ce qui s'est toujours passé. Il n'y a donc pas de raison qu'il en soit autrement cette année, au grand dam des responsables qui n'arrivent toujours pas à débarrasser les circuits économiques et commerciaux de toutes ces sangsues et vampires qu'on retrouve jusque dans la périphérie et les corridors du pouvoir. Pour les seuls produits de large consommation, tous les gouvernements qui se sont succédé depuis plus d'une décennie se sont cassé les dents sur la régulation du marché et des prix établis par une offre contrôlée par les spéculateurs en vue d'aiguiser la demande leur permettant d'imposer leurs prix. Du fameux et absolument inutile Observatoire des prix des fruits et légumes que le précédant ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, avait installé pour surveiller la courbe ascendante de la mercuriale au Système de régulation des produits agricoles à large consommation (Syrpalac) -qui en est à sa deuxième version-, mis en place par l'actuel ministre de l'Agriculture, peu de choses ont changé, dans le bon sens s'entend. Et pour cause, ces trois opérations sont l'œuvre du seul ministère de l'Agriculture comme d'autres sont celle du ministère du Commerce ou d'une quelconque direction. Or, les actions de ces acteurs intervenant de manière «indépendante» ne peuvent que rester limitées et confinées, donc inopérantes, alors que la lutte contre la spéculation, le marché informel et l'économie souterraine nécessite l'implication et l'intervention de plusieurs ministères, dont ceux du Commerce, de l'Intérieur, des Finances, qui ont leur rôle à jouer pour faire barrage à tous les spéculateurs, à quelque niveau ou secteur qu'ils soient. C'est donc d'une large action qu'il s'agit et qu'il faudra mener d'une manière concertée, organisée et permanente pour nettoyer toutes les filières de production et tous les marchés de ces parasites qui se nourrissent de l'économie nationale sans rien y apporter. L'intersectorialité est ainsi attendue pour jouer pleinement dans l'organisation ainsi que la mise en route de cette action qui ne doit pas se limiter aux seuls fruits et légumes à l'approche du mois de Ramadhan, mais s'étaler dans le temps et l'espace. L'action qu'on pourrait baptiser «opération marchés propres» devra s'étendre à tout le territoire national, englober tous les produits et tous les marchés et durer le temps qu'il faudra pour l'élimination de tous les inutiles intermédiaires et spéculateurs qui parasitent les circuits économiques et commerciaux. C'est là un grand défi pour le gouvernement, car la réussite d'une telle opération est intimement liée à celle qui devra s'attaquer à la corruption et aux passe-droits, l'atout maître de toute économie souterraine. H. G.