Le sort semble s'acharner sur l'Algérie. Depuis des années qu'on parle d'espoir et de renaissance, sans pour autant éviter des morts inutiles. Des morts, parfois absurdes, mais beaucoup plus amères que toutes les autres, même si, a priori, il n'y a pas de mort heureuse. Des jeunes sont encore morts en mer. Ils ne sont pas morts parce qu'ils ont tué, volé ou violé la loi. Ils ne sont pas morts de lassitude ni de maladie. Ils sont morts parce que, tout simplement, ils aimaient la vie. Ils voulaient vivre, dignement. Ils voulaient réaliser leur rêve : celui d'être considérés, d'aimer et d'être aimés. Le rêve de vivre décemment des fruits de son travail. Le rêve de pouvoir s'amuser, comme leurs congénères des autres pays, sans regard inquisiteur ni remontrance d'un autre âge. En somme, ils voulaient vivre, donc ils aimaient la vie. Qu'a donc fait le jeune originaire d'Annaba pour mériter la mort ? Il a violé la loi ? Soit. Mais pour cela, il y a une justice qui doit juger tout contrevenant, même si tenter de chercher d'autres cieux plus cléments ne doit pas constituer, en soi, un crime. Si le drame des harraga est revenu, ces jours-ci, au-centre de l'actualité c'est parce que la société, de manière générale, et les pouvoirs publics, en particulier, ne semblent pas être attentifs à ce cri de détresse de plus en plus persistant. Pourtant, le président de la République en personne avait, il y deux ans, demandé à prendre en charge ce dossier. Des assises avaient été organisées et des mesures recommandées. Mais point de suivi, comme d'habitude en pareil cas. Il est vrai qu'un problème d'une telle ampleur ne peut être réglé d'un coup de baguette magique. Comme tous les problèmes difficiles, il faudra probablement du temps. Sauf que, pour ce cas précis, les choses urgent. Pis, il y a péril en la demeure. Parce qu'il ne faut surtout pas oublier que la majorité de la population est jeune. Et que, dans cette proportion de jeunes, ils sont très nombreux -même s'il n'y a pas de statistiques fiables- ceux qui voudraient partir. Peu importe la manière, l'essentiel étant de quitter ce pays. Le drame dans cette affaire, c'est qu'il n'y pas que des chômeurs, des désœuvrés et des pauvres à vouloir s'exiler. Il y a de plus en plus de diplômés et de salariés à la recherche d'un eldorado. Preuve en est que la création d'emplois ne suffit pas à gérer un phénomène de plus en préoccupant. Le Premier ministre avait donné un début de réponse, mais sans donner de solution : «Il faut recréer l'espoir !!!», avait-il dit un jour à propos de ce phénomène. Mais, maintenant, la vraie question est de savoir comment recréer l'espoir !!!! A. B.