De notre envoyée spéciale à Djemila Wafia Sifouane Pour la huitième soirée de la 5ème édition du Festival arabe de Djemila, rien de mieux en ce début de fin de l'événement que de faire place à la créativité et l'originalité. Deux critères auxquels répondent à merveille Houria et la formation multi-instrumentaliste alsacienne. Le temps est défavorable, on annonce une tempête, un vent violent souffle sur le site mythique. Dès les premières heures de la soirée, on constate vite que le public ne sera pas nombreux. Ce ne sont pas les raisons qui manquent : d'abord, le match amical entre l'Algérie et le Paraguay puis les conditions climatiques. Malgré la présence de quelques personnes, l'ambiance est morose, non seulement il pleut mais la nouvelle du décès du chanteur Katchou s'est abattue comme la foudre sur Djemila. Houria Aïchi, pour sa part, tarde à monter sur les planches. Quelques instants avant son entrée en scène, on a pu entendre sa belle voix en pleine répétition. Sur les coups de 22h30, ses musiciens accaparent la scène de Cuicul pour faire la balance. Ce n'est que plus tard dans la soirée que la diva fait son apparition, entonnant un joli passage accompagné d'un solo au oud signé Grégory Dargent. L'ambiance est pesante, mais la voix de Houria a réussi à attirer le public sidéré face à son talent. Le second morceau démarre avec des notes graves de clarinette, des notes qui se suivent ponctués par le timbre de voix exceptionnel. Deux titres ont suffi pour plonger l'assistance dans le délire de cette création artistique alliant les chants chaouis au jazz oriental. Houria, très surprise par l'accueil du public qui s'est avéré être un connaisseur, entame le titre phare de son dernier album les Cavaliers de l'Aurès. Un titre qui lui tient vraiment à cœur car, selon l'artiste, ces cavaliers l'ont toujours fascinée et représentent un lointain souvenir de son enfance passée sur les terres de la région de Batna, sa ville natale. Le morceau est hallucinant, une preuve que les sons méditerranéens sont faits pour être ensemble. L'artiste s'amuse sur scène, elle entre même en transe avec des pas de danse endiablés. Elle tarde à finir le titre qui se clôture divinement. Ravie, elle enclenche un autre morceau authentique, Ya salah qui est très apprécié par la foule. Houria l'a complètement métamorphosé avec sa voix pénétrante, accompagnée seulement de percussions. Pour conquérir le cœur des Sétifiens, elle chante également le titre Aldjia, pour finir avec le morceau El fares. Les sons se croisent, se confrontent et le résultat est un régal audiovisuel. La chanteuse et ses musiciens virtuoses quittent la scène, laissant la place à la chanteuse libanaise Carole Sakr. Cette dernière changera de cap vers un son purement oriental.